Le vieil homme et l’amer
Le problème avec les arlésiennes, c’est qu’une fois qu’elles se dévoilent enfin aux yeux du public, il leur est impossible d’assouvir tous les fantasmes qu’elles ont provoqué durant l’interminable attente qui s’est écoulée depuis l’annonce de leur mise en œuvre. C’est l’un des handicaps avec lequel part L’Homme qui tua Don Quichotte, ambitieux projet sur lequel l’ex-Monty Python Terry Gilliam s’acharne depuis 25 ans, accumulant les faux départs bien documentés. Cette année à Cannes, malgré l’imbroglio juridique dans lequel le film était encore emmêlé, le projet maudit n’était pas loin d’être l’évènement majeur du festival. Inévitablement, une fois la projection terminée, l’enthousiasme est retombé comme un soufflé. « Tout ça pour ça » se sont dit les inconditionnels du cinéaste. Les autres n’ont pas manqué de saluer l’ambition, l’originalité et la folie intactes de Gilliam, sans pour autant considérer Don Quichotte comme une œuvre majeure au sein de sa filmographie.