Cinergie.be

La chambre aux oiseaux de Noémi d’Ursel au festival Graines de cinéastes

Publié le 04/05/2021 par Solenne Deineko / Catégorie: Critique

Après avoir coréalisé le court-métrage Elisabeth aux côtés de Laura Bossicart, Noémi d’Ursel signe son deuxième film avec La chambre aux oiseaux, sélectionné au Berlin Film Festival 2020 et également présenté au festival bruxellois Graines de cinéastes. Se déroulant du 7 au 16 mai, le festival nous donne l’occasion de visionner ce film intimiste, retraçant les souvenirs, les rêves et les fantasmes de Marie.

La chambre aux oiseaux de Noémi d’Ursel au festival Graines de cinéastes

La chambre aux oiseaux est contemplative. Les plans fixes s’enchaînent, soient-ils sur des visages, sur un personnage perdu dans l’immensité du lieu où il se trouve, sur des natures mortes. Les travellings, eux aussi, sont contemplatifs. Le temps est à la réflexion, à l’observation, à l’écoute. Le gazouillis des oiseaux envahit l’espace, ponctuant le récit à des moments choisis avec précision. Les chansons viennent aussi habiller l’histoire, la soulignant de percussions, de chœurs, de violons et violoncelles, de chants espagnols. Au-delà de l’ambiance sonore, les oiseaux sont présents partout. Ce sont des sculptures, des peintures, des figurines, des oiseaux qui se cognent contre les fenêtres ou volent haut dans le ciel. La mort, aussi, est présente, celle du grand-père d’abord, celle du frère, du mari ou celle, imminente, de la mère. Le récit se raconte en cycles : des cycles mortuaires, des cycles de rêves. Le rêve d’une biche, que fait la jeune Marie la veille du décès de son grand-père. Puis, à nouveau le rêve d’une biche que fait Marie après avoir entretenu une relation avec le médecin. La sexualité s’insinue également dans le récit, questionnant l’orgasme comme une manière de rejoindre Dieu. Jouir si fort qu’on en voit l’illumination. Cette question-là est abordée subtilement, par des mots simples, dits avec une grande douceur. Mais vient aussi le voyeurisme, immoral et pervers, à travers, encore une fois, les rêves de la jeune Marie. Le voyeurisme de son jeune corps enfantin, en proie aux regards envahissants et toujours plus nombreux d’hommes. Mais où s’arrête la limite entre rêve et réalité ?

Ce récit intimiste nous invite dans l’esprit et la vie réelle et rêvée de Marie, dans le château qu’elle a toujours habité. Il nous invite dans sa quête de liberté. N’est-ce pas cette dernière qu’incarnent les oiseaux ?

Tout à propos de: