La Mauvaise Herbe de Gaëtan Leboutte

L’Alter Ecole est un projet-pilote, soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2011, qui accueille des adolescents en décrochage scolaire ou désireux d’apprendre autrement. Loin d’être une école spécialisée, l’Alter Ecole revendique une pédagogie active qui permet aux élèves de développer et de valoriser leur savoir-être et leur savoir-faire. Enseignants, comme élèves, contribuent à l’évolution d’un système éducatif porteur à travers une multitude d’activités misant sur l’auto-gestion, la libre expression et le bien-être au quotidien. Cette école met tout en œuvre pour que les élèves parviennent à aiguiser leur sens critique et trouvent des outils de langage individuels qui leur donneront des chances égales d’émancipation sociale.

Le documentaire de Gaëtan Leboutte est le fruit d’un travail de trois années de réflexion et d’observation au sein même de l’Alter Ecole lors desquelles il s’est attelé à définir ce qu’il allait raconter et quels personnages il allait potentiellement traiter. La Mauvaise Herbe s’attarde sur les trois derniers mois de la vie scolaire de deux adolescents, Merlin et Elie, autour desquels gravitent d’autres élèves et des enseignants qui les ont accompagnés depuis leur arrivée dans l’établissement. Tout au long du film, nous suivons avec grand intérêt les discussions que ces adolescents entretiennent avec leur entourage, leurs revendications et leurs solutions pour changer un monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas.

Le cinéma de Gaëtan Leboutte n’est pas scénarisé, il est intrinsèquement direct et immersif. Il tend à pénétrer dans le réel pour en livrer une vision des plus honnêtes. Travaillant en équipe réduite, il s’intègre discrètement dans chaque espace pour laisser libre cours à toutes les interactions possibles. La Mauvaise Herbe n’est pas un film à vocation pédagogique, il s’axe plutôt sur le regard que portent ces adolescents sur le monde et sur la société dans un contexte de crise climatique. En s’effaçant complètement derrière la caméra, le réalisateur donne véritablement de la voix à la jeune génération protestataire, avide de changements et porteuse d’avenir.