Illustration Gwendoline Clossais
Landry de Marie Fotso, 2024

Un jeune guerrier africain tient une lance et un bouclier. Puis, un bras fait danser un long ruban bleu. On revient sur son torse nu qui bouge avec la lance. Le ruban bleu, lui, poursuit sa chorégraphie. Apparaît alors le visage du jeune africain aux cheveux savamment tressés. Il danse soutenu par une musique rythmée de percussions et trompettes. Tout autour de lui, de plus jeunes ados tentent de le suivre tant bien que mal. Des sourires illuminent les visages. Les regards attentifs, certains pétillants, suivent le parcours du ruban pour le reproduire. Il y a une belle ambiance et on sent qu’au centre de cette animation, le grand ado est à l’aise dans son rôle et sa mission.
C’est un MENA, nom barbare donné aux nouveaux jeunes habitants, mineurs demandeurs d'asile, sans parents, qui attendent d’être reconnus, pour rester.
Landry est en stage et suit une formation pour prétendre à un avenir professionnel là où il a débarqué avec en lui sa culture, son identité initiale, sa volonté de faire ce qu’il faut pour convaincre une administration invisible, incompréhensible, en dehors de son propre rythme, en somme, un fantôme.
En total déphasage avec cette réalité incontournable et même cruelle, n’importe quel enfant se perdrait et ne verrait à l’horizon qu’un mirage sans rien de bien tangible. Ne regarder qu’un point au loin, ce serait déjà capté un mouvement, appréhender une première pierre pour édifier un imaginaire même lointain. Mais ce sur quoi Landry n’a aucune prise concrète se révèle être un obstacle à n’importe quel projet futur. Le manque de psychologie d’une institution ne peut malheureusement pas être compensé par l’amour d’une famille d’accueil ni le soutien d’une école. Le guerrier en lui devra relever ce défi.