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Embrase-moi, de Xavier Istasse, 2024

Publié le 10/12/2024 par Gwendoline Clossais et Thierry Zamparutti / Catégorie: Film dessiné

Illustration Gwendoline Clossais

Embrase-moi, de Xavier Istasse, 2024

Alors que, dans une classe d’école d’un autre âge, des enfants habillés identiquement en tunique noire rient, se tient, devant un tableau noir également, l’une des leurs avec un bonnet d’âne sur la tête. Les rires sont moqueurs, poussifs, délibérément blessants. Sans dire un mot, la jeune fille fixe un bout du tableau, le vague à l’âme, convaincue qu’elle revivra cette épreuve de jour en jour, elle qui aurait tant souhaité ne pas être différente. Soudain, un bruit sourd se fait entendre, réveillant une vieille dame angoissée achevant automatiquement le déroulé du cauchemar dans lequel elle s’était enfoncée. On vient de clouer un oiseau sur le mur extérieur de sa petite demeure en bois, sorte d’ermitage au fond d’une forêt. Ce saut dans le temps trahit la permanence d’un harcèlement continu qui nourrit au fond de cette bonne dame, prise apparemment pour une sorcière, une lassitude et une envie de vengeance bien fomentée. Dans la forêt, le chemin est parsemé d’embûches et, telle que le Petit Chaperon rouge ou le Petit Poucet, la personne qui s’y aventurerait pourrait bien le regretter. S’y perdre ou être mangé, ou tout autre sort, est promis au(x) malheureux innocents, mais boucs émissaires quand même. Le feu de la souffrance a grandi dans le for intérieur de la soi-disant sorcière qui ne pourra pas se résoudre à le laisser s’éteindre sans un dernier baroud d’honneur. Au même moment, dans un autre univers philosophique bien plus léger et insouciant, bien lointain de ces considérations sur l’âme humaine et ses tourments, une famille de petite classe moyenne part en vacances à bord d’un corbillard emprunté à la société funéraire où travaille le père. Si l’engin sort évidemment de l’ordinaire pour atteindre le lieu de villégiature, il convoque d’une certaine manière une apparente synchronicité.

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