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Le "best of" du festival du court métrage

Publié le 01/07/2015 par Nastasja Caneve / Catégorie: Critique

Après plusieurs années d'absence dans la cité ardente, Le Brussels Short Film Festival a débarqué au cinéma Sauvenière ce mardi 9 juin 2015. Au programme, une sélection hétéroclite de coups de cœur et de films primés lors du festival bruxellois. Des projets radicalement différents, mais tous Made in Belgium. Parmi ces derniers, on retiendra Lucha libre de Raphaël Balboni et Ann Sirot et Pink Velvet Valley de Sébastien Petretti. 

Brussel short film festival 2015Raphaël Balboni et Ann Sirot n'en sont pas à leur premier coup d'essai. Après avoir notamment abordé le thème de la jalousie dans Fable Domestique en 2012 et revisité le célèbre conte du "Petit chaperon rouge'' dans La version du loup en 2011, les jeunes réalisateurs parlent cette fois-ci du conflit amoureux et de tout ce que ce dernier engendre : la mauvaise foi, les fausses excuses, les non-dits, les mesquineries, les logorrhées sans conclusion qui se terminent par un "on se tourne le dos sous la couette". Parallèle frappant avec Lucha libre, textuellement lutte libre, qui est un sport de combat spectaculaire pratiqué au Mexique. Sur le ring, deux luchadores masqués s'en mettent plein la tronche à coups de poing, de dents explosées et de prises hallucinantes. L'objectif étant que l'autre mange le sol. Sans son masque.

Dans Lucha libre, deux adversaires : Jean aux allures de Super Mario rigolo (Jean Le Peltier) versus Aurélie, en mode Zelda la guerrière (Aurélie Lannoy). Que le meilleur gagne ! "Mais, t'es super lourde en fait!", "Mais non je n'ai jamais dit ça!", "Je m'excuse!" et BAM et BAM. Les rounds s'enchaînent inlassablement et l'autre a toujours tort, évidemment.

Pendant la projection, on se marre. D'eux ? Pas seulement, surtout de nous. Car tout un chacun peut se reconnaître dans ces saynètes absurdes de la vie quotidienne. Jean Dujardin et Alexandra Lamy s'y donnaient déjà à cœur joie dans Un gars, une fille mais le must ici c'est que Jean et Aurélie tentent de théoriser leurs conflits, de classer leurs disputes, d'analyser les tensions en analysant méticuleusement des schémas. Deux gosses mignons au caractère de cochon, qui, l'air sérieux, tentent d'éclairer notre lanterne et de trouver des explications rationnelles aux conflits. Encore faut-il savoir si elles existent, ces solutions... Un film décalé et loufoque, au rythme bien balancé, qui a déjà séduit les festivals : Prix du meilleur comédien au FIFF et Prix du public au Short screen.

Le second film emmène le spectateur dans la Pink Velvet Valley, sur la côte Ouest de l'Ecosse. Là, où c'est fort joli. Là où le vert s'étend à perte de vue, là où les lacs renferment des créatures effrayantes, là où le whisky coule à flots. C'est en tombant sur un concours lancé par la célèbre marque de lunettes Rayban que Sébastien Petretti, déjà connu pour la réalisation de plusieurs spots publicitaires (pour Samsung, Durex) et de clips musicaux, décide de se lancer dans l'écriture du scénario de Pink Velvet Valley. Même si Rayban a jugé que l'histoire tournait trop autour des célèbres sunglasses, Sébastien Petretti a quand même décidé de réaliser ce film. Contre vents et marées. C'est dans le pays breton qu'il tourne, petit filou, mais il est quand même allé chercher son acteur principal, Frank Gilholley, au pays du monstre, celui du Loch Ness.

C'est l'histoire d'Alec Calan, un écossais pur souche, costaud, rouquin, bonne tête rondouillarde et sympathique, mangeur de poiscaille et à l'accent qu'on aime tant. A priori, rien d'étonnant. Sauf que le bonhomme a une addiction un peu particulière... Il est fan de ses lunettes solaires léguées par son défunt père, ses Rayban qu'il ne quitte jamais des yeux. Il mange avec, il dort avec, il conduit avec, il... qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige. Addiction qui ne lui pose aucun problème. À lui. Ce n'est pas le cas de sa femme qui s'est fait la malle quelques années plus tôt. Dans sa petite maisonnette, éclairée à outrance, Alec vit paisiblement avec son fidèle compagnon, Rayban, un golden qu'il a trouvé blessé sur le bord de la route... C'est qu'Alec était chauffeur de taxi et la nuit, quand tous les chats sont gris, il fait noir. Encore plus si tu portes des lunettes solaires... Du coup, paf le chien. Mais, une petite guirlande lumineuse autour du cou et l'affaire est faite, cela n'arrivera plus.

Incompris, dans un pays étroit d'esprit, alors qu'en Californie tout le monde s'en contrecarre... "Wrong place, wrong time, it's my life". Mais qu'est-ce qu'il est bon ce poor Alec... Petit format, simple, net, efficace. La célèbre marque de lunettes pourrait y réfléchir à deux fois pour son prochain spot. 

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