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Le Calendrier de Patrick Ridremont – disponible en DVD et blu-ray

Publié le 27/06/2022 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Black Christmas

Eva Roussel (Eugénie Derouand) est paraplégique depuis trois ans. Pour son anniversaire, le 4 décembre, elle reçoit de son amie Sophie (Honorine Magnier) un étrange et antique calendrier de l'Avent en bois acheté sur le marché de Noël de Munich. Chaque jour avant le 25, Eva doit ouvrir un compartiment pour trouver une friandise. Mais l’objet farceur réserve à la jeune femme des surprises plus terrifiantes les unes que les autres et arrive avec une série de règles (et de menaces) pour le moins étranges.

Le Calendrier de Patrick Ridremont – disponible en DVD et blu-ray<br />
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Règle n°1 : « Le calendrier contient plusieurs bonbons. Si tu en avales un, il faut les avaler tous, sinon je te tue ». Règle n°2 : « Respecte toutes les règles jusqu’à l’ouverture de la dernière fenêtre, sinon je te tue ». Règle n°3 : « Si tu le jettes, je te tue ». 

Croyant à une plaisanterie, Eva se prête au jeu, mais les phénomènes étranges se multiplient dans son entourage et ses souhaits deviennent réalité : son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, se rappelle de son anniversaire ; son agresseur meurt broyé dans un accident de voiture ; le gentil infirmier pour qui elle a le béguin devient son confident ; son compte en banque se remplit par magie… Mais lorsqu’Eva désobéit pour la première fois, elle dort pendant quatre jours d’affilée et est virée de son boulot. Son père, maltraité par une épouse acariâtre, lui demande de l’aider à mourir. Et ce n’est là que le début des ennuis pour Eva, car le calendrier demande maintenant des sacrifices humains (voire canins…) Passant un pacte faustien avec le terrifiant démon qui l’habite, Eva se met à rêver de retrouver l’usage de ses jambes. Pour cela, elle va devoir tuer…  

L’objet maléfique ou possédé qui pervertit peu à peu l’esprit des innocents est une figure classique du cinéma fantastique américain et asiatique. Les sagas Amityville, Hellraiser, Ring ou Annabelle, mais aussi The Box de Richard Kelly ainsi qu’une poigné de productions Blumhouse récentes ont abordé le sujet en long, en large et en travers. Les œuvres prenant pour prétexte une fête du calendrier, que ce soit Halloween, Vendredi 13 ou Noël (Gremlins, Krampus) sont également légion. Pour son deuxième long métrage (après la comédie Dead Man Talking en 2012), le comédien Patrick Ridremont s’empare de ces conventions du cinéma d’horreur et signe une variation européenne dont le style tragi-comique rappelle davantage les œuvres du hollandais Dick Maas (on pense notamment à Sint), avec un mélange bien dosé de suspense, de gore (léger), de séquences fantasmagoriques réussies (un chien s’attaquant à un simple jouet avec des répercussions sanglantes, une femme dans son bain torturée par l’entremise d’un poupée vaudou), d’effets spéciaux réussis (le design du démon est plutôt cool) et d’humour noir. 

Agrémenté d’une réflexion sur la masculinité toxique (la plupart des hommes côtoyant Eva sont des porcs), Le Calendrier n’hésite cependant pas à faire de son héroïne handicapée (incarnée par l’excellente Eugénie Derouand) un personnage, une fois n’est pas coutume, agréablement ambigu. Certes, Ridremont n’évite pas quelques fautes de goût (certains personnages secondaires frôlent la caricature), mais, dans l’ensemble, cette modeste surprise, très divertissante, n’a pas à rougir devant ses modèles.

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