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Le Parfum vert de Nicolas Pariser

Publié le 14/12/2022 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Espions amateurs

Paris. En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française s’écroule aux pieds de Martin Rémi (Vincent Lacoste), son partenaire. Dans un dernier souffle, le mourant lui chuchote à l’oreille « J’ai été assassiné. Le Parfum Vert ». C’est le début pour Martin d’une aventure trépidante dans une spirale de meurtre et d’espionnage. Soupçonné par la police, le jeune comédien est kidnappé à la sortie du théâtre par un mystérieux collectionneur de bandes dessinées (Rüdiger Vogler), puis relâché et surveillé de près par une toute aussi mystérieuse organisation.

Le Parfum vert de Nicolas Pariser

En fuite (et toujours un peu dans le gaz), Martin va sillonner l’Europe - de Paris à Budapest en passant par Bruxelles - pour résoudre une énigme qui semble avoir un rapport avec la bande dessinée. En chemin, il croise la route de Claire (Sandrine Kiberlain), une dessinatrice qui cherche à échapper à l’emprise d’une mère envahissante. À eux deux, ils vont mettre au grand jour un complot international. Confrontés à un dangereux groupuscule russe d’extrême droite qui cherche à récupérer un MacGuffin (nom de code : « anthracite »), outil numérique de manipulation de l’information capable de déstabiliser l’ordre mondial, Martin et Claire vont devoir puiser en eux un héroïsme inédit. Plusieurs indices laissent à penser qu’un traître se cache au sein de la troupe de la Comédie-Française. Parmi les suspects, Jenna Thiam et Arieh Worthalter…

Dans son film précédent, Alice et le Maire, Nicolas Pariser prenait déjà pour thème principal l’art complexe, parfois impossible, de la communication. Ici, le traître à démasquer par nos héros du dimanche (Vincent Lacoste, lunaire, Sandrine Kiberlain, nerveuse) est le comédien qui fera volontairement une erreur de texte sur scène lors d’une représentation de L’Illusion Comique, de Corneille, à Budapest, afin de communiquer des informations à un assassin caché dans la salle. Un dispositif de mise en scène hitchcockien en diable ! Mais le réalisateur proclame surtout son amour à tout un pan de la littérature policière et d’espionnage (romans de gare et bande dessinée inclus) qu’il semble affectionner, prenant notamment pour modèles les thrillers humoristiques d’Agatha Christie et de Gaston Leroux, et saupoudrant le tout d’une grande dose de farce à la française (si nous étions dans les années 70, les rôles principaux auraient probablement été tenus par le duo Pierre Richard / Jane Birkin !) Pariser nous sert une aventure dans la lignée des récents À Couteaux Tirés et Coup de Théâtre : enveloppe mystérieuse, jeu de cache-cache dans un train, cadavres qui s’amoncellent, tueuse suicidaire, grand final rappelant celui de L’Homme qui en savait trop… des ingrédients qui ont fait leurs preuves !

En faisant de ses têtes d’affiche deux juifs ashkénazes pessimistes qui devisent sans cesse sur les avantages et inconvénients du judaïsme et se retrouvent embarqués dans une Europe centrale qui est pour eux « source d’angoisse », le réalisateur ajoute au texte une touche d’humour à la Woody Allen. Sous ses dehors légers, voire anecdotiques, et sa mise en scène certes un peu pataude (avec un gros ventre mou en milieu de film, lors d’une scène de cuisson de pâtes assez surréaliste), l’hommage de Nicolas Pariser à la littérature policière, s’il n’a pas tout à fait les moyens de ses intentions, n’en possède pas moins un sous-texte passionnant.

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