Cinergie.be

Les Belges au pays qui neige

Publié le 11/04/2017 / Catégorie: Événement

Il fait encore froid à Montréal au mois de mars ! Heureusement, chaque année, le FIFA, Festival International du Film sur l’Art débarque dans neuf salles emblématiques de la ville canadienne et réchauffe le cœur des festivaliers venus du monde entier pour voir ou présenter des films sur la danse, la musique, l’architecture, la littérature, la sculpture ou la peinture ! La toute nouvelle équipe dirigée par Natalie McNeil et sa programmatrice Anita Hugi ont donné une belle part à la Belgique cette année ! Pas moins de quatre films en compétition et huit films en lien avec la Belgique dans les autres sections. Une forte présence qui témoigne une fois encore de la vitalité et de la qualité du genre dans le plat pays !

Première surprise dans… l’avion ! Entre un film avec Brad Pitt et Marion Cotillard et un blockbuster pétaradant proposés pour écourter le vol des passagers, se sont glissés subrepticement deux courts-métrages belges : l’animation chantée et fruitée de Margot Reumont (Grouillons-nous !), et le court-métrage de fiction de Laurent Sheid, Tout va bien, récompensé au Festival du Film Francophone de Namur en 2015 ! Tout comme la volonté de Dieu, les circuits de distribution des films sont visiblement impénétrables ! Comment deux courts métrages belges se retrouvent distribués dans un avion ? Après une petite enquête, on découvre qu’il existe une acheteuse du nom d'Andrea Whyte qui ne se contente visiblement pas d’un package tout fait dans le catalogue d’un gros distributeur mais qui choisi sa programmation pour diverses compagnies aériennes au sein de la société Spafax. Sainte femme !

Mais les surprises ne s’arrêtent heureusement pas en vol. Ce qui frappe d’emblée dans cette édition du Fifa 2.0 concoctée par la toute nouvelle et féminine équipe, c’est le nombre de réalisatrices. Quinze films sur 27, du jamais vu dans un festival non dédié à la cause sans doute. En compétition, Eve de Grave s’empare à bras le corps de la sulfureuse poétesse Grisélidis Réal et remporte le Grand Prix ! L’année dernière, c’est Joachim Olander qui repartait avec cette plus grande distinction pour son film La collection qui n’existait pas consacré au collectionneur belge Hermann Daled. Ici, la poétesse et militante pro prostitution suisse Grisélidis Real a su envoûter de ses mots et de ses couleurs les membres du jury.

Deuxième prix pour la Belgique cette année, le Prix spécial a été décerné à Lut Vandekeybus pour son long-métrage intitulé Wim et consacré à son célèbre frère danseur et chorégraphe du même nom. Une énergie folle durant près de deux heures ! Il ne reste plus qu’à espérer que ces prix permettront à ces deux films une meilleure distribution en Belgique. 

Seule donc la réalisatrice écossaise, Esther Gould, repart sans trophée pour la co-production belge Strike a Pose sur les danseurs du mythique Blond Ambition Tour de Madonna !
Dans ce programme compétitif belge plutôt torride et virevoltant, le facétieux Claude François venait, de son côté, faire un joli contrepoint avec un film poético-pittoresque, Le Pavillon des Douze. Oulipien et surréaliste en diable, le seul monsieur belge de la compétition s’est donné pour contrainte de filmer douze tableaux méconnus voire carrément inconnus piochés dans les collections bruxelloises et provinciales des musées, toiles commentées par 12 poètes belges : un véritable pari.

Coté hors compétition, on retrouvait des films déjà bien diffusés et même primés en Belgique… Un festival n’étant pas un autre, le film EXPRMNTL de Brecht Debackere, lauréat du Grand Prix au dernier Brussels Art Film Festival se retrouvait ici hors compétition. De même, le film La Langue rouge de Violaine de Villers sur le peintre belge Walter Swennen qui avait, fin 2016, bénéficié d’une belle carrière en salles (Flagey).
Outre les incontournables héros belges de toujours que sont Tintin et Magritte, des personnages plus audacieux rendaient les sections parallèles passionnantes, André Dartevelle, les pèlerins de Bouge, ou encore Sevak, le jeune violoncelliste le film de Comes Chahbazian, Rhythm & Intervals. Tout en force et en épure, ce film était un des moments forts du festival. Un vrai moment de grâce.

Tout à propos de: