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Music Hole de Gaëtan Liekens & David Mutzenmacher

Publié le 28/07/2021 par David Hainaut / Catégorie: Critique

Le "Pulp Fiction belge" s'est dévoilé

 

Music Hole, le long-métrage belge déjanté, avait obtenu le prix du public à Toulouse au Festival du Film Grolandais. Là où un certain Jean Dujardin l'avait qualifié de "Pulp Fiction belge formidable" et où Benoît Delépine comparait les réalisateurs aux frères Coen. Ni plus ni moins.

Dévoilé chez nous début novembre, vu sa sélection en compétition au 4e FIFCL (le Festival International de Comédie de Liège), Music Hole, si louangé lors de son avant-première française il y a quelques semaines, était sans conteste le film belge attendu de l'événement wallon, comme en a témoigné la salle du Palace, pleine à craquer. 

 

Music Hole est la première signature du duo belgo-français formé par Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher, des réalisateurs qui s'étaient fait connaître en 2014 via José, un court-métrage (avec Kody, Mourade Zeguendi ou James Deano) aussi drôle que loufoque, signé à l'époque avec un troisième larron, Alexandre Bouchet. C'était il y a cinq ans déjà, mais voilà : on sait que lorsqu'un format court, même abouti, suscite une attention, un passage vers le long-métrage, s'il ne s'avère parfois pas réalisable, constitue souvent un parcours du combattant. De surcroît quand on envisage une comédie comme premier film.

 

Après avoir pris la température de leur plateau à Bruxelles l'an dernier, nous savions que les deux trublions tablaient sur un nouveau coup, de plus grande envergure cette fois, avec un scénario centré sur Wim Willaert (Quand la mer monte) - une valeur sûre flamande qui manie bien le français – et basé sur un récit au moins aussi ovniesque. Celui-ci était d'ailleurs annoncé par ses auteurs comme "un polar burlesque sur fond de musique tzigane, parfumé de gueuze bien fraîche." Dans cette histoire, Willaert campe Francis, un sympathique comptable d'un petit cabaret, devant gérer de sérieux soucis conjugaux avec Martine (Vanessa Guide). Jusqu'au jour où il voit basculer son destin en faisant une étonnante découverte… dans son congélateur ! 

Verdict ? Il est positif bien sûr, sans quoi nous ne nous y attarderions pas déjà, alors que ce film, annoncé pour janvier prochain, n'avait, aux dernières nouvelles liégeoises, toujours pas signé le moindre accord de distribution. Aussi atypique que son lointain petit cousin José, qui présageait l'univers de cette comédie barge à l'ambiance bien singulière, Music Hole parvient à faire mouche à bien des niveaux, au-delà de ses nombreux gags imaginatifs : de l'interprétation d'ensemble - portée à merveille par l'attachant Willaert/Francis - au rythme soutenu (1h20 presque sans temps-mort dans le genre, c'est rare), en passant par le choix des décors, le soin de l'image (de Bruno Degrave, une référence dans le domaine), l'originalité du montage ou même la richesse de la bande-originale, mêlant pop allemande et italienne à du...Wagner ! Difficile, franchement, de rester insensible à cet ensemble volontairement foutraque, dont l'ambition affichée était avant tout de proposer un simple divertissement : en cela, l'objectif est pleinement atteint. 

Typiquement "de chez nous" – c'est d'ailleurs un paradoxe que son producteur et l'un de ses deux réalisateurs viennent de France - cet objet fantaisiste, pouvant s'assimiler à un petit miracle vu son budget situé largement sous le million d'euros, permet de croiser une flopée de personnages aussi improbables les uns que les autres, avec un casting hétéroclite incluant Tom Audenaert (La Trêve, Unité 42), Guy Staumont (Dikkenek), Sacha Bourdo, Hande Kodja, Kody Kim, Mourade Zeguendi, Laurence Oltuski, Marijke Pinoy, Mounir Ait Hamou ou Bénédicte Philippon. Entre bien d'autres. On comprend pourquoi Liekens et Mutzenmacher semblent d'ores et déjà avoir (re)fait le plein de confiance, écrivant un deuxième film ensemble...

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