Quand la critique est criminalisée et où l’on punit pour contrôler, certaines voix continuent pourtant à s’exprimer, envers et contre tout. À travers les histoires croisées d’un adolescent condamné à cinq ans de prison pour avoir critiqué le pouvoir sur les réseaux sociaux, d’une jeune artiste emprisonnée pour avoir collé des étiquettes contre la guerre, d’un militant des droits humains et de metteuses en scène de théâtre subissant des procès kafkaïens, Politzek lève le voile sur les rouages de la machine répressive de Poutine. Un documentaire accablant autant qu’un geste de résistance face au rouleau compresseur du totalitarisme.
Politzek - Les Voix qui défient le Kremlin

Russie, terre aimée. C’est par ces mots que s’ouvre le film des documentaristes Manon Loizeau et Ekaterina Mamontova. Une phrase simple qui, d’un point de vue occidental, pourrait sonner comme un paradoxe. Et pourtant, c’est bien ce qui anime l’ensemble des personnages de ce puissant témoignage de résistance.
Autour de ces “Politzek”, ces prisonniers politiques de tous âges et de toutes origines sociales, les réalisatrices dressent le portrait d’êtres humains tiraillés entre l’attachement qu’ils portent à leur patrie lentement détruite par le totalitarisme de Poutine, et l’exil comme unique voie vers la liberté.
Car comment ne pas résister, alors même que le simple acte d’exister à contre-courant peut vous conduire à la condamnation des prisons du régime?
Dans un pays où l’on punit de manière ciblée pour effrayer et essouffler toutes les résistances, mais où les courageux·ses assurent que “la nuit s’écartera pour laisser la place au soleil”, les cinéastes révèlent par l’image toute la profondeur de la machination construite par Poutine et sa “justice”.
Des images rares, prises au cœur des prisons, des salles d’audience et des parloirs, dans un monde où la violence est omniprésente. Car même lorsque celle-ci n’est pas visible à l’écran, elle se retrouve dans les témoignages, dans ces balançoires vides et dans ces murs sans âme, cercueils d’un peuple forcé à courber l’échine.
Une violence présente en hors champ, et qui apparaît dès que la voix s’élève trop haut. Contrôles arbitraires, disparitions, autant d’armes de dissuasion et de répression que capte la caméra, témoin silencieuse de ces exactions sournoises et impunies.
“Ceux qui doivent pleurer, ce sont ceux qui ont envoyé un enfant en prison”, assène une mère aux abois, dont le fils de 14 ans a été arrêté par le FSB pour des vidéos postées sur les réseaux où il critiquait Poutine.
Dans un pays où l’on enferme les enfants parce qu’ils ont osé rêver de la liberté qui leur est due, le geste cinématographique de Manon Loizeau et Ekaterina Mamontova est un acte de courage et de rébellion nécessaire. En être témoin, c’est aussi comprendre comment un système peut écraser un peuple par ses outils, par ses méthodes et par sa perfidie. Diviser pour mieux régner, une maxime toujours plus actuelle dans un monde où l’union doit plus que jamais faire la force.