Cinergie.be

Présence belge au 57ème Festival International du Film de Locarno

Publié le 01/09/2004 / Catégorie: Critique

Jeune présence belge au 57ème Festival International du Film de Locarno


Que ce soit La Femme de Gilles et Confituur à Venise, Calvaire et Demain on déménage à Toronto, pour n'en citer que quelques-uns, la sélection des films belges dans les festivals internationaux nous confirme l'attrait, la variété et la qualité de notre production.
Du 4 au 14 août, le Festival de Locarno dévoilait lui aussi ce talent riche, original et très personnel propre au cinéma belge. 

Présence belge au 57ème Festival International du Film de Locarno

Sélectionné en Compétition Officielle, Folie privée, le premier long métrage de Joachim Lafosse à qui l'on devait le court métrage très remarqué Tribu, sonde avec violence les sentiments humains. Le film suit les affrontements d'un couple déchiré, devant leur petit garçon, spectateur devenu l'enjeu extrême. Lorsque Pascale vient s'installer dans la maison familiale avec son fils Thomas et son nouvel ami Didier, elle ne s'attendait pas à y trouver Jan, son ex-mari, bien décidé à reconquérir le coeur de sa femme. Tourné en huit jours, caméra à l'épaule, Folie privée traduit la réalité humaine avec âpreté, effroi et sensibilité. La caméra tournoie comme les sentiments humains, suit les vacillements et sautes d'humeur des personnages, virevolte avec force à l'image de leurs affrontements sans pitié, jusqu'à l'irréparable. Produit par Eric van Zuylen (RYVA), le film est interprété par Kris Cuppens (également co-scénariste), Catherine Salée, Vincent Cahay et Mathias Wertz.
Coproduit par Olivier Dubois (Novak Productions) avec la France et le Vietnam, Gardien de Buffles, premier long métrage de Minh Nguyen-Vô, a reçu le prix « Ambiente è qualità di vita ». Misant avant tout sur l'esthétique de ces magnifiques paysages vietnamiens, le film suit le récit de Kim, un jeune garçon qui, amené à s'occuper des buffles de son père durant la saison des pluies, en fera son métier. Au fil de ses voyages, il découvrira la vie et ses plaisirs mais surtout les rivalités et faiblesses humaines.

 

Dans Cinéastes du présent, la Belgique apparaissait dans deux oeuvres étonnantes. Le Pont des Arts d'Eugène Green réunit Natacha Régnier, Olivier Gourmet et Jérémie Rénier sur un mode complètement décalé. Dans un décor froid à l'image des mouvements stéréotypés des acteurs, le film offre un exercice de diction sur ton de mélancolie. Somewhere in Between est une oeuvre expérimentale extrême de Pierre Coulibeuf dont la coproduction belge est assurée par Marianne Binard (Halolalune Production) avec la RTBF. Au-delà de la danse contemporaine, il s'agit d'expression corporelle. A partir d'une création de Meg Stuart, le film suit les mouvements répétitifs des personnages, comme des oeuvres conceptuelles, sans dialogues. Jeu sur l'espace, décors épurés, plans fixes sur des êtres exprimant par leur corps leur mal-être, chorégraphie décalée, le film mise sur l'audace. Révélant des auteurs prometteurs, la section Les Léopards de demain propose une sélection de courts métrages. La société liégeoise de Jacques-Henri Bronckart, Versus Production, en ressort couronnée de lauriers avec deux prix et une mention ! Dans l'Ombre d'Olivier Masset-Depasse a en effet remporté le Léopard d'Or 2004. Un talent qui se confirme véritablement puisque son précédent court métrage, Chambre Froide, avait déjà remporté le Léopard d'Or en 2001. Interprété par Anne Coesens et Kris Cuppens, Dans l'Ombre nous plonge avec subtilité dans les méandres de l'amour et ses stratagèmes. Quant à Alice et Moi, l'excellent court de Micha Wald, après le Grand Prix du Festival du Court Métrage de Bruxelles et le Petit Rail d'Or au Festival de Cannes, il remporte le Prix du Jury des Jeunes et une Mention spéciale du Jury ! Coproduit par Denis Delcampe (Need Productions) et Annemie Degryse (Lumière Productie), Matin calme de Annick Ghijzelings décrit avec beaucoup de finesse et d'humanité la séparation d'un couple (interprété par Jan Decleir et Catherine Montondo) au travers de leur déménagement.

 

La Belgique proposait également C'est l'histoire d'un Belge de Rodrigo Littoriaga (P.B.C. Pictures), Koro de Güldem Durmaz (La Big Family), La séquence Silverstein de Jean-Luc Gason (Scarfilm), ou encore Mamaman de Iao Lethem (Artémis Productions).Du côté des documentaires, réunis sous l'emblème Newsfront, c'est Salvador Allende de Patricio Guzman -déjà remarqué à Cannes- qui représentait la Belgique au travers de sa coproduction par Christine Pireaux (Films de la Passerelle). Mythe de Locarno, les projections sur la Piazza Grande devant 7000 personnes, qu'il pleuve ou qu'il vente, restent l'événement incontournable. Parmi les films projetés, Les fautes d'orthographes de Jean-Jacques Zilbermann offre un rôle de directeur d'école sévère et impitoyable à l'acteur belge le plus en vogue, Olivier Gourmet.
Grande qualité de sa programmation, le Festival de Locarno mise sur un jeune cinéma prometteur en présentant essentiellement des premières ou deuxièmes oeuvres. La forte participation belge cette année, synonyme d'une grande vitalité pour le cinéma de demain, en est d'autant plus encourageante ! Mais au-delà de ce coup de projecteur sur les jeunes auteurs, Locarno n'en oublie pas pour autant les cinéastes confirmés, en invitant notamment Chantal Akerman dans le Jury de la Compétition Vidéo.