Rabot de Christina Vandekerckhove

Ce film graphique propose une poétique fonctionnant presqu'intégralement sur ce principe : une phrase est énoncée, l’image suivante la fera résonner dans un fracas de précise joliesse. Et ce, dès le premier plan : un surcadrage sur un pigeon enfermé dans un enchaînement de portes ouvertes. L’une d'elle, doucement, se ferme. Naît alors, un évident symbolisme qui se serait intimement mêlé à un formalisme poétique pour offrir un film d’ambiance, hypnotisant et hypnotisé par son sujet. Cette fascination totale, jamais complaisante mais intrigante, rend complexe la parfaite prise en charge du propos. Difficile de dire si la compassion est totale ou si la réalisatrice s’arrête à son observation, brillante, mais taillée pour le déploiement de son art. Cependant, elle semble aussi intéressée par le lieu, le bâtiment et sa matière décharnée, que par ses habitants et leurs états d’âmes mutilés. Alors, elle les regarde silencieusement boire pour oublier l’ennui, la douleur, l’absence, l’abandon et les peurs. Boire pour s’anesthésier de la vie qui pique certains cœurs plus que d’autres.