Être une graine pour l’arbre de la reconstruction. Être une graine pour l’arbre de la colère. Être une graine pour l’arbre du changement. Avec Ser Sermilla, la dessinatrice, danseuse et cinéaste mexicaine Julia Granillo Tostado aborde la vie des femmes de son pays d’origine, où les enlèvements et les disparitions sont par trop nombreux. Un film engagé, puissant, et réunissant sa forme et son fond dans une optique d’émancipation, d’écologie et de partage d’espoir autant que de résilience.
Ser Semilla, de Julia Granillo Tostado - 2024
Publié le 27/05/2024 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique
Rejoignant la récente série Draw for Change et son épisode mexicain dans sa thématique, Ser Semilla associe nature et féminité dans ses premières images, avant que la réalité violente et sombre du monde ne vienne enfermer ces femmes et ces filles dans la tourmente. Nature, féminité, magie et art s’opposent à la violence noire et brute du métal, des cages et des hommes. Par son film, la réalisatrice fait renaître ces disparues en mêlant magie, sorcellerie et sororité, au travers d’une animation douce et pourtant lourde de sens. Un choix qui se poursuit jusque dans sa technique, elle qui n’utilise que des pigments à base végétale, comme si elle puisait dans cette Terre-Mère la force de celles qui l’ont précédée. Une manière de ne pas se laisser enfermer par l’effroi et la fatalité, invoquant les sorcières d’hier et d’aujourd’hui, les filles et petites filles de celles qui n’ont pas été brûlées. “Ils nous ont tant pris qu’ils nous ont pris notre peur” conclut le film en citant l’autrice-compositrice Silvana Estrada. Et par ce pamphlet animé, à la fois tendre et vengeur, Julia Granillo Tostado rejoint ces voix qui s’élèvent pour que cela cesse ici et maintenant.
