Cinergie.be

The Voice Over de Claudia Cortés Espejo, Lora d’Addazio et Mathilde Remy

Publié le 19/05/2021 par Solenne Deineko / Catégorie: Critique

Sélectionné dans plus de vingt festivals depuis 2018, dont Graines de cinéastes qui s’est déroulé à Bruxelles du 7 au 16 mai dernier, le court-métrage The Voice Over, réalisé par Claudia Cortés Espejo, Lora d’Addazio et Mathilde Remy, a notamment reçu le Prix du Meilleur Court-Métrage international au Adana International Film Festival 2018.
Il raconte l’histoire de Bobby, un petit bonhomme coincé dans sa vie et mené par le bout du nez par le narrateur de son histoire : la voix-off.

The Voice Over de Claudia Cortés Espejo, Lora d’Addazio et Mathilde Remy

The Voice Over se joue des codes cinématographiques. Là où le narrateur se contente normalement de conter une histoire, il prend ici la place de meneur. Il choisit à la place de Bobby, parle quand d’autres personnages parlent, l’empêchant de comprendre ce qu’on lui explique. Il le sauve aussi du suicide, parce que le court-métrage n’est pas fini, utilisant les crédits du générique pour sauver Bobby. Les trois réalisatrices jouent avec les stéréotypes, comme la musique, les changements d’angle de caméra ou le slow motion. Un slow motion qu’on voit généralement lorsque le héros rencontre une belle jeune femme. Un slow motion qui, ici, se passe aussi dans le temps intra-diégétique, la jeune femme avançant extrêmement lentement dans le café, lassant Bobby qui finit par partir.

Une manière de remettre en cause l’utilisation de certains procédés et peut-être aussi, dans ce cas-ci, la place des personnages féminins et leur importance dans le cinéma, car les femmes peuvent être bien plus que des potiches, des faire-valoir ou que d’être dans l’attente qu’une idée de génie naisse dans le cerveau du personnage masculin pour que le problème soit résolu. 

Le côté cartoonesque des dessins, le grain, le minimalisme de la plupart des décors rappelle les dessins animés qui passaient sur Cartoon Network. Au fur et à mesure du récit, Bobby va tenter de reprendre le contrôle sur son histoire de différentes manières, quitte à écrire lui-même la fin de l’épisode, une fin n’ayant jamais été écrite par le narrateur.

On le découvrira ensuite en train d’expliquer son histoire aux grands patrons d’une entreprise de dessins animés, des patrons railleurs face à l’histoire de Bobby, faisant penser à une critique en filigranes de l’industrie du cinéma.

C’est donc à un court-métrage intelligent de cinq minutes auquel on assiste, remettant en perspective les acquis et les stéréotypes cinématographiques, pour peut-être réussir à réinventer le cinéma?

Tout à propos de: