Dans Travail soigné, nous suivons une équipe de soignant·e·s dans le centre médical Les Houlpays à Liège, fonctionnant en autogestion. Cette pratique a commencé à Seraing, Molenbeek et Tournai dans les années 70 dans des centres imprégnés de « l’esprit révolutionnaire de 68 ». Il est financé par la Sécurité sociale et aucun échange économique n’est conclu en ses murs, ce qui rend l’accès aux traitements d’autant plus démocratique. Quant aux patients, ils s’engagent à fréquenter le centre qui garantit une répartition juste des soins.
Travail soigné de Dorothée Bouillon
Publié le 19/03/2025 par Gauthier Godfirnon / Catégorie: Critique
Plusieurs dispositifs et ateliers sont mis en place pour permettre au personnel soignant de rendre leur centre plus éthique et à même de créer un environnement de travail sain et empli de bienveillance. Lisette, psychologue attitrée du centre, conduit des réunions à raison de quatre heures par semaine pour apaiser les tensions entre le personnel ou faire face à certaines horreurs commises au sein du cercle familial de leurs patient·e·s. Comment résoudre des conflits idéologiques liés aux opinions religieuses de leurs patient·e·s ? Ou par rapport à l’euthanasie ? Comment venir en aide à une adolescente forcée de quitter son domicile familial vivant un amour que sa famille rejette ? Le personnel médical peut aussi être poussé dans ses retranchements et faire face à des ressentis ou zones grises face à la police et aux travailleureuses sociaux·ales. Les sessions avec la psychologue offrent ainsi un moyen pour l’entièreté du personnel médical de passer outre certains de leurs différents préjugés et divergences d’opinions. Tous les centres médicaux ou autres domaines professionnels pourraient puiser leur inspiration dans ce type de pratique. Des codes de trois couleurs (vert, orange et rouge) sont également mis en place pour évaluer le bien-être du personnel au sein des différents services et éviter leur surmenage en créant un équilibre bienvenu entre les différents maillons de l’établissement. Le but est également de créer un langage commun entre ces services pour une plus grande transparence entre les soignant·e·s et les patient·e·s tout en responsabilisant ces derniers·ères. En plus de présenter de jolies solutions pour transformer le monde médical et améliorer toutes les relations interpersonnelles y foisonnant, ce documentaire développe un propos humaniste, idéal sans être utopique d’une vie professionnelle en état de convenir totalement ou du moins le mieux possible aux valeurs personnelles d’un individu. Tous ces médecins et autres soignant·e·s tendent à inscrire leur travail dans un écosystème harmonisant sécurité sociale et emploi et dans une lutte des classes contre la hiérarchie étatique. Ce film fait donc souffler un vent nouveau d’espoir sur le monde du travail de demain, tant à propos face à l’incertitude et au manque de sens qui peuvent y peser depuis longtemps.
