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Une nuit au zoo (Night of the Zoopocalypse), de Ricardo Curtis & Rodrigo Perez-Castro, 2024

Publié le 14/02/2025 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Zombie Zoo

Une nuit, une météorite s'écrase sur le zoo de Colepepper, libérant un virus qui transforme les animaux en mutants zombies baveux ! Tout le zoo est contaminé… ou presque. Gracie, une jeune louve individualiste et assoiffée d’aventure, est contrainte de s'associer avec Dan, un puma macho et redoutable, pour survivre. Avec l'aide d'un groupe de survivants - Xavier, le lémurien cinéphile, Frida, la capybara fougueuse, Ash, l'autruche sarcastique, Félix, le singe perfide, et Poute, un bébé hippopotame trop bavard -, ils se lancent dans une mission périlleuse : vaincre ces zombies déterminés à répandre le virus au-delà des murs du zoo… 

Une nuit au zoo (Night of the Zoopocalypse), de Ricardo Curtis & Rodrigo Perez-Castro, 2024

Cela faisait une éternité que nous n’avions plus de nouvelles de Clive Barker. Le légendaire écrivain et cinéaste anglais, spécialiste des récits situés dans des univers sadomasochistes fantasmagoriques réservés aux adultes (la série des Books of Blood, The Hellbound Heart, Cabal), s’était fait très rare (son dernier roman date de 2015), notamment pour des problèmes de santé, mais également à cause de plusieurs projets développés pour le cinéma ou la télévision n’ayant jamais abouti. À l’heure où l’on n’ose même plus rêver de son quatrième film de réalisateur, voir son nom associé à un film d’animation en images de synthèse pour un très jeune public a de quoi surprendre autant qu’inspirer la méfiance ! 

Car, soyons honnêtes, il ne s’agit ici ni d’un Pixar ni d’un Laika, pas même d’un Disney. Non, cette Nuit au Zoo, coproduction États-Unis / Canada / Belgique, est un minuscule film indépendant au concept saugrenu : associer animation en CGI pour les tout-petits et horreur lovecraftienne !... On ne nous enlèvera jamais de l’esprit que la bonne vieille animation 2D (dessinée à la main) aura toujours plus d’âme que ces clinquants films en CGI qui semblent manufacturés à la chaîne. Dans une certaine mesure, c’est valable pour ce film-ci, qui pâtit du côté artificiel de ses images 100% digitales. Le résultat est forcément en dents de scie, l’animation s’avérant dans l’ensemble fort sommaire, souffrant d’un creature design confus – la louve, avec ses longues oreilles, ressemble à un lapin, le puma à un ours. Quant à la morale du film, un peu simpliste (« l’entraide, c’est mieux que le ‘chacun pour soi’ »), elle le destine a priori aux moins de cinq ans… du moins jusqu’à ce que des créatures mutantes plus bizarres les unes que les autres ne viennent parasiter le film ! 

C’est lorsqu’il convoque toutes sortes de zombies grotesques que le film se lâche enfin et trouve son identité. Luminescents, gluants, les dents acérées, la langue pendante, les yeux vidés de toute âme, ces animaux morts-vivants protéiformes, outre un appétit vorace, ont non seulement une force extraordinaire, mais aussi la capacité de se transformer en emboîtant leurs membres arrachés les uns aux autres pour former des entités cauchemardesques en pièces détachées, que l’on croirait sorties de The Thing version John Carpenter. Évoquant également Gremlins par son humour noir de sale gosse, le film culmine avec l’apparition d’un gigantesque titan lovecraftien, somme de tous les zombies assemblés l’un dans l’autre ! Malgré le côté factice de l’imagerie 3D, on se console donc avec ces créatures féroces, mais aussi grâce à un score électronique inspiré de ceux de Carpenter et aux gags faisant intervenir l’irrésistible bébé hippo, qui, comme le gamin de Roberto Benigni dans La Vita è Bella, ne se rend pas compte des atrocités qui se jouent autour de lui et prend tout ça pour un jeu. 

Crédité en tant que producteur et auteur du concept original, Clive Barker est donc bel et bien arrivé à laisser son empreinte sur ce projet impersonnel qui aurait pu se noyer dans la masse interminable de produits du même acabit. Si Une Nuit au Zoo est une semi-réussite, qui met un orteil dans la marre de l’horreur avec une bonne humeur réjouissante, il risque néanmoins d’être confronté à un problème de taille : trop immature pour les ados, trop violent et effrayant pour les tout-petits, à quel public s’adresse-t-il exactement ?…

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