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Stephan Streker

Stephan Streker

Métier : Réalisateur, Journaliste - Rédacteur

Ville : Bruxelles

Province : Bruxelles-Capitale

Pays : Belgique

Email : Cliquez ici

Galerie photos

Filmographie

L'Ennemi

L'Ennemi

Réalisateur(-trice)
fiction
2021
 
Noces

Noces

Réalisateur(-trice)
fiction
2016
 
Le Monde nous appartient

Le Monde nous appartient

Réalisateur(-trice)
fiction
2013
 
Michael Blanco

Michael Blanco

Réalisateur(-trice)
fiction
2003
 
Le Jour du combat

Le Jour du combat

Réalisateur(-trice)
documentaire
1998
 
Mathilde, la femme de Pierre

Mathilde, la femme de Pierre

Réalisateur(-trice)
fiction
1996
 
Shadow Boxing

Shadow Boxing

Réalisateur(-trice)
fiction
1993
 

Le déclic...

Stephan Streker

Passer de l'autre côté

Dans la vie quotidienne, il y a parfois des gens qu'on ne connaît pas et que, apparemment sans raison, on a envie d'aimer ou qui, mieux encore, parviennent à nous émouvoir : par la façon dont cette inconnue ferme son sac à main ou remet sa mèche de cheveux, ou cet autre regarde son enfant, sourit en marchant ou hèle un taxi... C'est sans doute à cause de ce type d'émotion que m'est venue, la première fois, l'envie de prendre une caméra et de filmer. Nous sommes en novembre 1991 : je vais quitter New York pour la Nouvelle-Orléans, après une semaine qui, à elle seule, en a bien valu dix. Heidi, mon amie qui m'a hébergé le temps de mon séjour en plein coeur de Manhattan, m'offre On Boxing, un recueil de quelques textes, magnifiques, de l'écrivain américaine Joyce Carol Oates. C'est en découvrant ce regard féminin, d'une infinie sensibilité, sur la boxe que m'est venue l'idée d'un court métrage tout entier centré sur le quotidien d'un jeune boxeur à l'ombre. Je désirais réaliser un film de fiction pure - presque sur le mode du documentaire -, narratif et pourtant sans véritable histoire, qui capterait des instants de vie d'un personnage appréhendé dans sa solitude. J'avais vingt-sept ans et c'était la première fois que je songeais à passer de l'autre côté. Retour un mois plus tard à Bruxelles. Je discute avec Michel Brunelli, cinéphile à ses heures et féru de sport aux autres : nous parlons de boxe, comme souvent, et de notre admiration infinie pour Raging Bull. Je lui fais part de mes idées, encore très théoriques, sur un court métrage. Et là, sa réponse fut proprement incroyable : "On va le faire. Tu vas le réaliser, je vais le produire." C'était le déclic. Subitement, il y avait comme une évidence : je devais passer à l'acte. Une nuit plus tard, la première mouture du scénario était écrite. Six mois après, le film était tourné. Quinze (!) mois plus tard, grâce à l'aide à la finition, la copie 35 mm de notre bébé existait. L'accouchement fut très long mais jamais douloureux, malgré notre totale inexpérience, aux uns et aux autres, Michel et moi, bien sûr, mais aussi, Momo, le boxeur, qui porte tout le film sur ses épaules et que Michel était allé dénicher presque par hasard. Tout s'est passé comme dans un rêve éveillé. Les portes se sont ouvertes. Comment ? Pourquoi ? Faut-il parler de bonne étoile ?
Une chose m'a fasciné et me pousse, plus que jamais, à continuer. Outre l'incroyable confiance que tout le monde m'a d'emblée accordée, c'est le fait de constater, tout au long de ce work in progress que constitue l'aventure d'un film, que plein de gens, venus d'horizons différents, se sont unis - on pourrait même dire "ligués"- pour mettre ensemble leur talent, leur compétence, leur bonne volonté au service d'un même projet. Ce sentiment qu'on tirait sur la même corde, pour arriver, tous ensemble, au meilleur résultat possible. Et quand je songe que cette équipe, la même, va encore s'étoffer pour le second film, la motivation gonfle encore. En outre, j'ai désormais la chance d'être épaulé par un deuxième producteur, Michaël Goldberg. Et j'ai envie de les épater encore deux fois plus, eux, Michel et Michaël, qui, sur base de pas grand-chose, qu'on peut appeler la confiance, la foi ou le feu sacré, sont prêts à tout pour que je puisse "faire du cinéma"

Stephan Streker