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Bye Bye Blondie, la Fin d'une époque

Publié le 01/04/2012 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Dix ans après le terrifiant et toujours percutant Baise-moi (2000) qui avait violemment bousculé les habitudes petites-bourgeoises d'un certain cinéma français et interrogé les limites possibles de la représentation cinématographique (pornographie, violence), Virginie Despentes adapte son roman Bye Bye Blondie (2004) et conte les retrouvailles passionnelles entre Gloria et Frances. L'occasion d'une rencontre étonnante, quoique décevante, entre Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart. Voir l'entretien filmé

bye_bye_blondieNo Future Nostalgie

Adolescente rebelle et punkette, Gloria est durement réprimée par ses parents qui l'internent en hôpital psychiatrique. Elle y rencontre Frances, issue d'une famille aisée. Naît entre elles une histoire d'amour intense, mais de courte durée. 20 ans plus tard, Frances, devenue présentatrice de télévision à succès et installée avec son mari écrivain dans un superbe appartement parisien, retrouve sa proie de jeunesse et décide de l'installer chez elle.

Dans son roman éponyme, Virginie Despentes contait les retrouvailles d'un amour hétérosexuel. En « homosexualisant » cette relation, elle injecte un grain de trouble et d'aspérité à un récit qui risquait peut-être d'en manquer. En effet, oscillant constamment entre deux lignes, celle de l'histoire d'amour passée, et celle de la relation actuelle, l’histoire a du mal à trouver son équilibre tant les deux, malgré un montage plutôt liant, restent éloignées l'une de l'autre comme deux mondes définitivement irréconciliables. Malgré la présence des deux stars et leur indéniable intensité, le film décolle et trouve sa plus belle énergie dans l'évocation de l'adolescence, paradis perdu où l'amour s'accroche au cœur comme un badge au perfecto, avec fierté et innocence. Despentes y reconstitue, sous forme de vignettes, une époque révolue où flashs en super 8 reviviscents répondent aux combats de rue nostalgiques entre skins et punks sous des bombes musicales. Les jeunes comédiennes Soko et Clara Ponsot y révèlent un incroyable talent.

Vaine rébellion

Accrochée à son identité passée et à ses idéaux d'antan, Gloria refuse les petits arrangements conventionnels proposés par Frances qui tente de l'enfermer dans son milieu conformiste. L’une des plus belles idées du film, la cabane en tôles que Gloria installe dans le salon de Frances, ne semble pas dire autre chose : la révolution a été absorbée par la société bourgeoise qui l’a édifiée en art contemporain (la hutte métallique comme installation muséale). Mais cette critique du milieu bourgeois parisien, parvenus du P.A.F. ou écrivain mégalo, que Despentes propose, s'avère une caricature triste et manichéenne qui plombe souvent la trame par des couches un peu épaisses.

Despentes semble nous souffler que la punk attitude est toujours là, en creux. Une braise de rébellion sur laquelle il suffit de souffler pour raviver une passion aujourd'hui grevée par le conformisme et les concessions, qui semblent, hélas, l'emporter haut la main. Dure réalité.  

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