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Ecole de la tolérance de Roger Beeckmans

Publié le 11/12/2007 / Catégorie: Critique

Pendant plus d’un an, la caméra de Roger Beeckmans s’est retrouvée au milieu des bancs d’une école primaire peu ordinaire. En effet, l’école n°1 de Schaerbeek à Bruxelles accueille des petits bouts venant des quatre coins du monde, vingt-trois pays différents pour être précis. Vu la situation cosmopolite de ce quartier, le réalisateur pose, d’entrée de jeu, la question "qui est l’étranger ?". Il installe ainsi habilement le thème de la tolérance, fil conducteur de son film.

Ecole de la tolérance de Roger Beeckmans
Une (L’)école de la tolérance, mais aussi un carrefour d’entraides diverses, nécessaires à des parents qui connaissent une situation difficile, à des enfants qui ont connu la guerre, qui ont vu le meurtre. Des aides telles que la possiblité pour tous les enfants d’avoir un repas, un vrai. La possibilité pour les parents désireux de communiquer avec leurs enfants, qui eux, ont oublié, par manque de pratique, leur langue maternelle, d’apprendre le français à la "classe des mamans".Oui, les humanistes sont une espèce en voie d’extinction. C’est dans ce documentaire que nous retrouvons leurs traces, comme dans le commentaire du réalisateur à propos du directeur : « le film que j’ai tourné dans cette école est surtout un hommage à une équipe d’enseignants motivés, un hommage au directeur, un humaniste, un de ces hommes de bonne volonté que mon métier m’a donné la chance de rencontrer et d’apprécier. Un de ces hommes qui nous permettent de ne pas trop désespérer de l’Humanité […] Un homme qui donne à manger à ceux qui ont faim, cela ne vous rappelle pas quelqu’un ou quelque chose ? ». 

De la rentrée des classes à la remise des prix, Roger Beeckmans, accompagné de son preneur de son, nous livre un documentaire riche, et même si l’intensité dramatique est quelque peu irrégulière, notre attention ne décroche pas pour la cause. Les enfants se sont habitués à la présence de la caméra pour notre grand plaisir et leur naturel est au rendez-vous. On regrette un peu que le manque de pertinence de la voix-off s'accompagne de plans d'inserts parfois faciles. 

Le caractère pédagogique de L’école de la tolérance n’enraye pas la magie qui nous est gracieusement offerte par les rires, les chants et les mimiques terribles de tous ces bambins. La séquence de l’arrivée de St Nicolas nous replonge des années en arrière ! Et bien que ce soit ces enfants-là, pour les adultes que nous sommes aujourd'hui, nous nous reconnaissons entièrement. 

Les professeurs sont remarquables. Ils soulèvent des thèmes graves avec les élèves tels que l’exil et la guerre, les attentats du 11 septembre, le port du voile et la religion, l’idée d’origine. Tout ceci se produit sans heurts au cœur d'une recherche identitaire globale qui tend, ici, vers la philosophie du "vivre ensemble" et la transmission de valeurs nobles, garantes d'une vie meilleure.

 

Johan Libin

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