Motherless Child de Sophie Maréchal

Imaginez une étendue à perte de vue inscrite dans un panorama format cinémascope où voyage, seul, un ballon. Pas n'importe quel ballon. Celui qui vole sans direction affichée. Au début, il est du genre « tous ensemble, tous ensemble, hé hé !! », mais cela ne résiste pas longtemps à la qualité de son gonflage à l'hélium, au poids de la petite carte et de la ficelle à laquelle elle pend.

Face aux premiers obstacles, ses voisins d'aventure se seront pris dans les branches d'arbre, les câbles à haute tension. Certains auront eu une fin horrible. PAN ! D'autres parviendront au bout d'un long périple à redescendre vers le sol avec une petite énergie résiduelle qui les fera se stabiliser à hauteur d'homme ou de femme, trop dangereusement à hauteur d'enfant ou de chat !

Dans la mémoire collective, il y a des milliers d'histoires de ballons, mais une seule vous marque à jamais. Celle où il se frotte à vous de manière subreptice, tellement discrète, parce qu'en général silencieux, que vous auriez pu le rater avec tout ce que vous avez en tête, votre foutu travail qui prend votre vie, vos amours inexistantes, vos amis bientôt perdus, votre smartphone collé à votre oreille - ou serait-ce une extension de celle-ci ?

Bref, lui, libre comme l'air, s'entiche d'une travailleuse acharnée qui finira quand même par s'intéresser à son nom. Celui sur la carte tout en bas de la ficelle.

Vous vous souvenez ? On regardait nos ballons s'envoler en espérant qu'un jour quelqu'un renvoie la carte en mettant le lieu où elle s'était laissée tomber. Ensuite, il pouvait y avoir l'idée d'une rencontre derrière cela, à l'ancienne, loin des réseaux et simplement apportée par le vent.