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En salle : Dikkenek d'Olivier Van Hoofstadt 2

Publié le 13/07/2006 / Catégorie: Critique
En salle : Dikkenek d'Olivier Van Hoofstadt 2

Nous avons demandé à Victor-Emmanuel Boinem, lauréat de notre concours de jeunes critiques, de nous donner son avis sur Dikkenek. Une précision, Olivier Van Hoofstadt n'est pas un autodidacte. Il a commencé, d'après nos souces, des études cinématographiques à l'IAD qu'il a terminé dans la section ELICIT (ULB).

Armé de sa cinéphilie dévorante, de son autodidactisme averti, de sa passion et de sa persuasion à toutes épreuves, le jeune Olivier Van Hoofstadt continue de tracer son sillon en marge certaine du paysage cinématographique belge.

Et la vision de Dikkenek est autant un pavé dans la mare qu'une réjouissance : si fraîcheur et indiscutable liberté de ton il y a, que dire de l'apparence foutraque et éclatée qui s'échappe de l'ensemble, que dire de la truculence parfois outrageuse des personnages, de leurs répliques ? Involontaire ? Etude de moeurs ou portrait de groupe en forme de vrille,  obsessionnellement porté sur la chose, interprété de manière assez incongrue par l'improbable François Damiens et le poelvoordien Jean-Luc Couchard, renforcé d'une volée de seconds rôles excellents (de Dominique Pinon à Florence Foresti, en passant par un Jérémie Renier inattendu et une délicieuse Marion Cotillard), il faudrait aussi ici signaler le souci constant apporté à la forme au détriment du fond (découpage et montage très tranchés, B.O. remuante qui plaira aux jeunes auxquels le film se destine) - quand bien même il s'agit d'une comédie.
L'oeuvrette fourmille cependant de bonnes idées bien exploitées (la visite du musée des accidentés de la route, la voiture sans moteur) où s'entrechoquent en permanence absurde, voire surréalisme, grotesque, ridicule parfois, burlesque débridé et sauvageon parfois trop proche du délire peu concerté de potaches. Mais dès que la bride est lâchée, le film semble dévier complètement de toute trajectoire, s'égarant dans la beaufitude, certes assumée, mais menant à des scènes assez répétitives malgré, ici et là, une séquence qui émerge ou une réplique bien sentie qui claque. Reste à savourer avec détachement ce film choral protéiforme, porté par un art consommé du rythme et la caricature savoureuse de notre belgo-belgitude, accents des marolles à l'appui. Sympathique.

 

Victor-Emmanuel Boinem

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