Cinergie.be

Islande: Femmes au bord de la crise de Terre de Doris Buttignol

Publié le 23/11/2023 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Filmer pour manifester, filmer pour documenter, filmer pour partager. Trois points de vue, et trois femmes d’exception que Doris Buttignol filme entre 2017 et 2021, dans cette Terre si particulière qu’est l’Islande. Une île faite de feu et de glace, où les citoyennes sont façonnées de ces mêmes éléments, allant de la Première ministre à la CEO, en passant par l’avocate de renom. Dans Islande: Femmes au bord de la crise de Terre, Doris Buttignol lève le voile sur un autre modèle, celui que le pays a adopté depuis 2008, celui du changement. 

Islande: Femmes au bord de la crise de Terre de Doris Buttignol

Sur les mélodies lancinantes des chants faussement traditionnels, les paysages de l’Islande se déroulent sous nos yeux. Un pays où volcans et glaciers se côtoient, où l’eau est vapeur, énergie, tempête et source de vie à la fois. Mais là n’est pas le propos de ce documentaire, ou presque. En suivant trois femmes, trois Katrín, la cinéaste Doris Buttignol dresse le portrait d’un pays gouverné et énergisé par sa population féminine depuis des générations. Un récit de femmes sur des femmes, filles de femmes depuis des décennies, et qui portent en elles toute la puissance de leurs ancêtres. Une histoire qui remonte aux années 1970 où, le 24 octobre 1975, le pays a compris par la grève qu’il ne pouvait fonctionner sans femmes. Un pays qui, cinq ans plus tard, élisait la première femme présidente du monde, en 1980. Et une présidente qui, à chacune de ses visites officielles, emportait trois arbres à planter avec elle : un pour les garçons d’Islande, un pour les filles d’Islande, et un pour le futur de son pays.

Mélangeant images d’archives émouvantes avec les interviews de ces trois femmes d’exception, Femmes au bord de la crise de Terre prouve avec une facilité déconcertante comment le changement peut venir si on lui ouvre nos portes et si la collectivité tout comme le gouvernement s’en empare. À l’échelle d’un pays comme l’Islande (moins de 400.000 habitants en 2021), cela paraît certes simple. Mais reboiser un pays déserté par les arbres, qu’il soit peuplé ou non, reste un défi que l’on ne peut relever que si l’on est prêt·e à certains sacrifices.

Des efforts que sont prêts à faire ces porteurs de projets que nous présente le film, hormis ses trois protagonistes. Des femmes et hommes de nombreux horizons, mettant en place des processus de décarbonisation de notre atmosphère ou œuvrant pour la restauration des sols islandais, afin d’améliorer la biodiversité et la durabilité du pays.

Sur cette île où, en 2019, on célébrait les toutes premières funérailles d’un glacier assassiné par le dérèglement climatique et donc, par l’espèce humaine, les politiques comme les citoyens se mobilisent pour un autre monde possible. Car il est possible, comme le prouvent ces personnes. Alors que les jeunes clim-activistes arriveront prochainement en âge de voter, seront-ils de nouveaux moutons manipulés par les politiques et les extrémistes, ou seront-ils les avocats de ce changement nécessaire pour notre survie?

En Islande, jeunes et moins jeunes générations s’allient pour aller de l’avant, pour devenir une vraie force collective et pour imposer le changement là où il est devenu indispensable. Une histoire de femmes qui veulent changer le monde, et dont les actions méritent, avec ou grâce à ce film, de dépasser les frontières.

 

Islande: Femmes au bord de la crise de Terre est projeté en avant-première dans le cadre des rencontres PolitiK, le mercredi 29 novembre à 14h à la Cité Miroir.
Projection suivie d’une rencontre avec la cinéaste.

Tout à propos de: