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JunkFoodBadtrip de Kevin Dupont au Festival Alimenterre

Publié le 12/10/2021 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Présenté au Festival du film Alimenterre à Bruxelles, le film JunkfoodBadtrip porté par Kevin Dupont ne manque pas de prises de positions, tant dans les images que dans l’écriture. Entre un cynisme assumé et une poésie chaotique, ce court-métrage nous transporte au cœur des injonctions abusives de l’industrie agro-alimentaire et son marketing aliéné.

 
JunkFoodBadtrip de Kevin Dupont au Festival Alimenterre

Errant avec désintérêt dans un rayon de supermarché qui farde son visage, ses expressions, son regard, un jeune skateur se laisse pourtant entraîner dans les fantasmagories du supermarché et jette son dévolu sur un poulet industriel de la marque Rusted Chicken, dont le slogan cynique « On vous vend de la merde, mais on vous la vend bien », finit par le séduire.

Immédiatement, le jeune skateur semble soudainement téléporté au centre d’une fête mystérieuse, décadente, un show transgénique où les présentateurs et animateurs sont des chimères. Cette arène originale endosse toute la portée critique du film : un monde dans lequel chaque geste est dicté par l’industrie agro-alimentaire aliénant les rapports humains et les rapports à la consommation. En effet, ce « Rusted Chicken Show » de la firme agro-alimentaire est un miroir de la société moderne, la face immergée du supermarché. Alors, comme chaque candidat, il est amené à actionner une grande roulette sur laquelle se trouve une série d’inscriptions d’additifs chimiques. La machine s’emballe, les images aussi. Le badtrip commence sur une voix off qui court-circuite les discours incitant à la consommation et les effets secondaires envahissent l’image et notre imaginaire. Barbecue chimique. Mauvaise graisse. Phosphate. Antibiotiques. Poulet gonflé à l’eau. Manger, tue. 

La puissance et l’originalité de JunkFoodBadTrip tiennent dans son articulation intertextuelle, à la croisée entre le cirque, le show télévisé, la performance du skateboard et enfin l’image cinématographique. Au fil des séquences, le cynisme se renforce et devient le point nodal innervant l’écriture et l’image, dénonçant tour à tour les fantasmagories du capitalisme, les pratiques marketing abusives, l’utilisation d’antibiotiques dans l’alimentation, les manipulations du discours publicitaire. Finalement, le badtrip est un prétexte à repenser notre rapport à l’alimentation d’une part et à notre pouvoir en tant que consommateur également. Le film se fait alors le relais d’une dynamique qui désire un changement radical et porte un message percutant pour continuer d’éveiller les consciences sur ces dérives connues et qui perdurent.

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