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La Costa Dorada de Noémi Gruner

Publié le 10/05/2021 par Solenne Deineko / Catégorie: Critique

La Costa Dorada est le premier film de la réalisatrice Noémi Gruner. Il rencontre rapidement le succès : son court-métrage d’animation tourne dans plus de 35 festivals et est récompensé par les prix du Best Narrative Animation et Best 2D Animation au festival anglais Animex. La cinéaste ne s’est pas arrêtée là et a également travaillé aux côtés de Florence Miailhe pour La Traversée et d’Aurel pour Josep, récompensé maintes fois et notamment par un César. Aujourd’hui, La Costa Dorada continue d’être diffusé et est présenté au festival bruxellois Graines de cinéastes. Relatant l’histoire d’une jeune chanteuse prénommée Erika, c’est l’occasion de se plonger pendant une petite dizaine de minutes dans les rues animées madrilènes où se profile une révolte.

La Costa Dorada de Noémi Gruner

La révolte gronde dans les rues madrilènes. Les manifestants sont partout, des embouteillages se forment sur les routes, les cris s’élèvent dans les airs. Dans sa voiture, Erika est prête à partir quelques temps, pour travailler en tant que chanteuse dans un hôtel et aider ses parents financièrement. Son amie, pourtant, ne comprend pas qu’elle puisse s’en aller à un moment si crucial. Le changement, la réécriture des droits fondamentaux, la lutte contre la corruption, c’est maintenant. Un choix s’offre à Erika, rester se battre auprès et pour les espagnols ou partir pour son travail et répondre à des problèmes immédiats, dont l’expulsion de ses parents. Elle part alors seule à la Costa Dorada. Mais une fois là-bas, l’animation de Madrid laisse place à un silence absolu. Erika se retrouve seule avec elle-même, loin du combat contre la crise qui l’entrave pourtant tous les jours.

Les dessins sont beaux. Les couleurs sont présentes, partout. Les décors ressemblent à des tableaux faits aux pastels, ils sont flous. Les corps, eux, se détachent des décors. Ils sont lisses et nets. La version originale espagnole donne de la profondeur au film, on assiste au combat d’une crise qu’on ne connaît pas, sans pourtant y être distancié par l’utilisation d’une autre langue, telle que le français. La musique est là aussi, mais elle est douce, elle s’insinue de temps en temps. Ce ne sont que des accords et des percussions qui ponctuent le récit. Le son d’ambiance lui, est omniprésent.

Ce court-métrage nous offre un espace dédié à la réflexion. Quand nous sommes en crise, que privilégier ? Le futur ou le présent ? Il se fait l’écho d’une jeunesse désenchantée, en lutte pour un monde meilleur. Une jeunesse désenchantée qui n’est pas qu’espagnole.

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