Minouche de Vincent Bal
Continuant à parler avec les autres chats, elle informe Tibbe des dernières histoires qui se colportent dans la petite ville où les rumeurs vont bon train autour de l'expansion d'une usine dont le patron se moque des chats comme une souris. On ne vous en dira pas plus, Minouche est un film plein de rebondissements subtils comme les félins, un film qui ne peut qu'enchanter petits et grands. Vincent Bal a su rendre l'atmosphère féerique du récit ; alliant réalité et rêve. Partant de vues en décors réels, il y insère des prises en studios pour souligner l'immatérialité du récit.
Ce passage continu entre les images réelles et les décors studios donne cette touche magique et ludique. Chaque personnage est campé dans le statut de sa fonction, toujours dans son décor, à la manière des Play Mobile, où le poissonnier, taciturne mais sympa, vit dans sa camionnette-guinguette, la rédactrice en chef, condescendante mais bornée, rapporte dans les colonnes du journal les cancans de cette petite ville modèle, etc. Mais voilà que l'industriel, décrit sous les traits du patron paternaliste, veillant au bien-être de ses concitoyens et de leurs bêtes, se révèle un être cupide et sans coeur, dépourvu de toute moralité. Quoi de plus fabuleux que de savoir que justice sera faite grâce aux chats et aux enfants, ces êtres exclus du pouvoir et qui le tournent en dérision !
Le grand mérite de Vincent Bal c'est de n'être pas tombé dans le revers de la technologie à outrance. Il a su mettre les connaissances virtuelles au service d'une histoire, sans se laisser monter la tête par les prouesses de tels ou tels logiciels qui auraient pu remplacer les chats, les déformer ou leur faire faire des exploits acrobatiques surnaturels.
Minouche fait partie de cinéma qui, comme la musique, vous fait vibrer dans un ailleurs, dans un autre tempo que le temps du quotidien. Il nous emmène vers ce qu'était le cinéma au début de son existence : une lanterne magique.