Réalisé en coproduction avec la Communauté française de Belgique, Train de vie, deuxième long métrage du roumain Radu Mihaileanu se greffe sur le paysage sombre de la deuxième geurre mondiale pour nous raconter à hauteur d'homme, l'errance du peuple juif. Un très beau film, caustique et chaleureux, qui suinte la vie par tous les pores de sa pellicule. Présenté en opposition à Schindler's List par son réalisateur lui-même lors de la campagne de promotion du film, il serait dommage de voir le film ainsi naïvement détourné de son propos.
L'âme Yiddish
En plein milieu de la seconde guerre mondiale, un petit Shtetl (village juif d'Europe centrale)…
Lire l'article
Je débarque à Paris, gare du Nord, en provenance de Bruxelles. Une vague de brouillard obscurcit l'horizon. Je m'enfonce dans des brumes de rêve. Le plan de la ville-lumière en main, je me dirige vers la rue Saint-Quentin, à deux pas. L'hôtel des Belges est au numéro 35bis. J'entre dans un bâtiment aux murs décrépis, mangés par une espèce de suie, qui me font craindre le pire (lequel n'est jamais sûr contrairement à ce que certains laissent croire) et me dirige vers le bureau de la réception en m'attendant à tomber sur un vieux plouc à la démarche lourde, aux cheveux courts, aux ongles ras, découvrant des dents jaunies lorsqu'il… Lire l'article
Photographe et réalisateur de 1, 2, 3 j'ai vu, un brillant court métrage en 1987, Alain de Halleux a disparu pendant plus de dix ans de notre paysage cinématographique, absorbé par des tâches alimentaires. Il nous revient aujourd'hui avec La Trace, un film qui prouve qu'il n'a rien perdu de son talent.
A 63 ans, Jaques Duhoux, un ancien enseignant belge, s'est installé seul au Nord du Québec, bâtissant lui-même sa cabane, fabriquant son traîneau, se transformant en trappeur. Ses journées sont rythmées par les taches quotidiennes : creuser l'eau, couper le bois, se nourrir et nourrir les chiens, ensuite il reste deux heures avant que la lumière du jour ne disparaisse. Il…
Lire l'article
L'homme à la caméra Deuxième partie : Les Films
L'index posé sur le posemètre à la recherche du bon diaph, l'oeil rivé à l'oeilleton de la Panavision pour s'assurer du bon cadrage, le directeur photo, homme de terrain et d'action donc, n'est pas un silhouette inconnue dans la petite mythologie du cinéma. Mais qui irait ternir l'image d'Epinal ? Certainement pas les actrices qui, depuis l'invention de la photogénie et du cinéma, ont toujours été soucieuses de leurs "partenaires lumière". Ni les réalisateurs qui leurs réservent la place de choix.
Cinergie : Je vois sur votre table de travail le scénario du prochain…
Lire l'article
Si l'homme est respectable c'est d'abord comme être vivant plutôt que comme seigneur et maître de la création: première reconnaissance qui l'eût contraint à faire preuve de respect envers tous les êtres vivants. Claude Lévi-Strauss.
Quelque chose, le premier court métrage de fiction réalisé par Cathy Mlakar et Jean-Paul De Zaeytijd, nous parlait de nos rapports avec les animaux (Philémon et son rapport ambivalent avec les mouches, passant de l'affection à la destruction).
Autre chose nous parle de notre propre animalité. De la chair animale à la chair humaine. On y retrouve Philémon, l'homme-enfant, et sa soeur Claudia autour d'une table, face…
Lire l'article
Marie-Hélène Massin, à qui nous devons plusieurs documentaires dont le Bourgmestre a dit (portrait intime d'un grand nom de la politique bruxelloise, Guy Cudell), vient de terminer un long métrage dans un tout autre registre, Petites filles.
L'intimité de l'approche de ce portrait est d'autant plus personnelle qu'il s'agit de sa fille Charlotte et de ses copines Alissa, Esinam et Lucie. La réalisatrice suit les inséparables amies pendant plusieurs mois, au moment où elles passent le cap du primaire au secondaire, au moment où, de grandes du primaire, elles deviennent les petites du secondaire.
Comment vont-elles vivrent cette étape ? Sont-elles prêtes à entrer dans le monde…
Lire l'article
Amazing Grace d'André Colinet a obtenu une mention spéciale ("pour la liberté totale de l'entreprise") à la sixième Biennale Internationale du Film sur l'Art qui s'est déroulée au Centre Georges Pompidou en décembre '98. L'occasion pour nous de parler d'un réalisateur secret qui nous livre un peu, beaucoup, énormément de lui-même.
Au détour d'un plan muet où l'on voit Marcel Piqueray dédicaçant une plaquette de poèmes à l'une de ses lectrices, on découvre les amis de toujours, Boris Lehman (qui, face caméra, prend une photo du réalisateur), Michelle Blondeel (qu'est-devenue la co-réalisatrice…
Lire l'article
Difficile de rêver, dans une banlieue industrielle quart-mondiste. Avec Rosie, Patrice Toye débouche les premières Jupilers et allume les premières Bastos d'une gamine de treize ans, maquillée et sapée en pute de HLM. Elle ne fait d'ailleurs qu'imiter sa jeune mère, dont le portrait n'est guère plus reluisant : par crainte de faire fuir les amants racolés et maris potentiels, Irène se fait passer pour la grande soeur, et lui interdit de l'appeler maman. D'accord, le prince charmant n'existe pas! Pourtant, parvient-on jamais à ravaler vraiment ses illusions?
Alors, sur les aqueducs rouillés où elle s'évade, Rosie dévore les contes à l'eau…
Lire l'article
La gravité du sablier
Quand on voyage, c'est comme cela, on fait des rencontres, on partage des instants, on noue des amitiés, on fait des promesses.
Et puis de retour chez soi, comme tout cela paraît loin parfois. C'est ainsi que Thomas reçoit une lettre de son ami Ali lui rappelant l'engagement, pris dans de telles circonstances, de venir filmer son mariage au fin fond du désert marocain. Et voilà notre Thomas bien embêté sur les pistes sablonneuses, assailli de doutes sur le sens de sa présence là-bas. Et quand sa voiture de location finit par tomber en panne, le laissant seul au milieu du désert, sans aucune chance d'encore arriver à temps pour ledit mariage, le comble de l'absurde…
Lire l'article
Dans la sélection de ce 20ème festival figuraient très peu de documentaires. Mustafa Balci, réalisateur d'origine turque du film Toprak, a pourtant conquis un public exigeant ainsi que le Jury qui lui a décerné le Prix du meilleur premier court métrage de reportage.
Toprak, "La Terre" en turc, relate le voyage du réalisateur dans le village d'origine de sa famille, l'été dernier.Ses parents ont immigré en 1971 en Belgique, non pour des raisons économiques mais pour éduquer leurs enfants et, depuis deux ans, ils sont retournés en Turquie, sur leurs terres.
Filmées avec finesse et dans une lumière superbe, les scènes immuables de la vie des champs suivent des…
Lire l'article
Inséparables, ils se sont associés et ont démarré ensemble dans le cinéma à la fin des années septante en réalisant des reportages vidéo et des documentaires (Lorsque le bateau de Léon M. descendit la Meuse pour la pemière fois ou Regarde Jonathan). Jean-Pierre est à la caméra, Luc au son.
Longtemps assistants d'Armand Gatti, ils coproduisent Nous sommes tous des noms d'arbre, le film que ce dernier réalise en 1982, en Irlande du Nord et en Belgique. En 1986, les frères passent à la fiction, au 35mm et au long métrage et s'imposent avec Falsch, une pièce de René Kalisky adaptée à l'écran, suivi de Je pense à vous,…
Lire l'article
Dans l'aube pâle, une rangée de cuberdons s'éveille... L'autoroute est déserte, les oiseaux chantent. Et les "petits clous", moqueurs, de tirer la langue - eh eh ! - au premier rhino-routier qui les évite de justesse et s'écrase dans le décor pastel de Pascal Adant.
Moins drôle: le chauffard suivant les frôle de si près qu'à la limite de l'infar', ils s'épongent le front et claquent des dents. Et ce n'est que partie remise: éjectés tour à tour à mille kilomètres à l'heure, ils n'iront pas tous éborgner la lune et faire un clin d'oeil à Méliès.
Parfaitement alignés, ce…
Lire l'article
Noire et trouble est la nuit...
Alors qu'un ivrogne endormi soigne ses ulcères sur le pavé d'un quartier chaud, une pute mécanique invite les rares passants à visiter l'envers d'un décor effroyablement glauque. D'un cul-de-jatte en femme siamoise, d'un pissou de chien dans une rigole en tête géante découvrant ses molaires, le cauchemar sous plasticine d'Olivier Carrette enchaîne les mutations de monstres répugnants vomis par une vague mythologie moderne. Prix Meuter Titra, Omomatic empeste l'égout et parvient sans mal à retourner les estomacs les mieux accrochés. Un bon Clozan et au lit !
Lire l'article
Puisque le court est un jeu et une folie !
Prix du public, l'accrocheur et surprenant film de Pascal Rocteur (No Film) fourmille d'idées plus cocasses les unes que les autres : en face caméra, une souriante et sublîîîme ouvreuse du Vendôme vous invite à la suivre dans le métro Porte de Namur, jusqu'à la paisible "trois façades avec jardinet" d'un héros merveilleusement débile.
En cette veille de Noël, comme tous les matins, le petit fonctionnaire salue sa femme - bigoudis et peignoir rose - et se rend au boulot. Grosses lunettes et moche cravate, ce peseur de trombones (il en faut) se joue de tous les périls : au ralenti, sous trois angles de vue différents,…
Lire l'article
Il est 19h30, nous sommes dans une salle de montage située au sixième étage de la cité de la RTBF à Reyers, cette caserne labyrinthique et lugubre où des couloirs interminables succèdent aux couloirs - silencieux, déserts qui débouchent à leur tour sur des salles silencieuses et désertes. Assis derrière la console de mixage nous voyons défiler sur l'écran 16x9 quelques séquences montées de Mobutu, Roi du Zaïre. Le nouveau film que termine Thierry Michel mélange plans d'archives et plans d'interviews que le réalisateur de Donka a menées auprès des proches de Joseph-Désiré Mobutu.Le son est assez inégal mais c'est… Lire l'article