Dossier : L'obsession de l'enfermement et de la nuit comme décors dans le cinéma de Patric Chiha
La nuit, les abruptes parois du club Mirano prennent des allures de monstre géant, hantant les alentours de Saint-Josse.
C’est dans le cœur froid et inquiétant de ce lieu emblématique, véritable témoin de l’histoire culturelle de Bruxelles de 1912 à aujourd’hui, entre cinéma et beats technos, que s’inscrit l’histoire d’amour manquée entre John et May. Deux âmes errantes qui ne sont autres que les protagonistes principaux de La Bête dans la jungle (2023), le dernier film du réalisateur Libano-Austro-Français Patric Chiha, librement inspiré du livre éponyme d’Henry James (1903). Un lieu qui respire, qui captive et qui par les yeux de sa videuse emblématique et omnisciente, incarnée par une inquiétante Béatrice Dalle, prend vie… en absorbant celle de ses habitants étreints sur le dance floor. Personnage à part entière de ce huis clos aux mille couleurs, cette boîte de nuit fictive qui n’a pas de nom (du moins pour l’instant), et notamment les deux éléments qui en font l’essence - la boîte au travers de la notion d’enfermement que l’on y associe, et la nuit - sont au centre des obsessions que l’on retrouve éparpillées dans le cinéma de Patric Chiha.