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Petites Filles de Marie-Hélène Massin

Publié le 01/01/1999 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

Marie-Hélène Massin, à qui nous devons plusieurs documentaires dont le Bourgmestre a dit (portrait intime d'un grand nom de la politique bruxelloise, Guy Cudell), vient de terminer un long métrage dans un tout autre registre, Petites filles.

L'intimité de l'approche de ce portrait est d'autant plus personnelle qu'il s'agit de sa fille Charlotte et de ses copines Alissa, Esinam et Lucie. La réalisatrice suit les inséparables amies pendant plusieurs mois, au moment où elles passent le cap du primaire au secondaire, au moment où, de grandes du primaire, elles deviennent les petites du secondaire.

Comment vont-elles vivrent cette étape ? Sont-elles prêtes à entrer dans le monde des adultes ? Ces questions fondamentales que toute mère et tout père se posent devant leur enfant qui était encore petit, pour qui ils préparaient encore la collation du matin et du soir, et de qui, soudainement, ils vont devoir se détacher pour les laisser voler de leurs propres ailes, Marie-Hélène Massin les aborde dans son film.

Petites Filles de Marie-Hélène Massin

"Et moi, la mère de cette petiote, l'ai-je bien préparée à grandir ? Lui ai-je donné les outils nécessaires pour qu'elle puisse franchir aisément cette transition ?" Petite filles est la façon dont une maman aborde ces questions pour sa fille. Et y a-t-il meilleur remède à l'inquiétude que le débat ?

Marie-Hélène Massin accompagne sa fille tout au long de ce passage vers l'adolescence avec sa caméra c'est-à-dire son outil d'expression. C'est un film d'une mère pour sa fille, où, curieusement, sont exclus le père et le frère aîné.
"Je dois m'habituer à tout cela ", dit en off Marie-Hélène Massin et ses mots suivent la première séquence où la réalisatrice apparaît, armée d'une énorme paire de ciseaux de jardinier, taillant les haies de son jardin, tout en conversant avec Charlotte de son ennui durant ces deux mois de vacances de transition.

Lui succède le plan où Charlotte joue avec ces mêmes ciseaux, comme on manipule machinalement un objet quelconque pour mieux exprimer un sentiment. Lorsque les mains sont occupées, les mots sortent plus facilement.

Nous avons l'occasion de palper le désarroi de chacune des filles tout au long de ce film. L'une voudrait qu'on lui rende ses dents pour ne plus être défigurée par son appareil dentaire, l'autre aurait sans doute voulu partager ce moment important pour elle avec ses grands-parents du Ghana.

Ces manifestations délicatement exprimées, où l'on capte une moue triste, un regard au loin ou un mordillement de lèvres nous plongent dans leur monde rempli d'incertitudes. 

La réalisatrice accompagne ses personnages au rythme de leurs réflexions intimes.

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