Ambiance et couleurs vintage, format atypique renvoyant aux vidéos amateur d’avant l’ère numérique, on sent dans la réalisation de Manon Coubia une vraie douceur et un amour pour ce décor en bord du lac Léman à l’eau cristalline. Mais sous la surface, Pleine Nuit est plus qu’un simple exercice esthétique. Plongée dans un hommage tout en finesse, le temps d’une journée et d’une nuit entre passé et présent.
Pleine nuit de Manon Coubia
Publié le 21/08/2023 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique
Quand la quiétude estivale de Louison (Salomé Richard) se trouve dérangée par une équipe de gendarmes, cette dernière apprend que sa grand-mère aurait dissimulé des armes dans les profondeurs du lac, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. De grand-mère tranquille, l’aïeule de la protagoniste se transforme en résistante communiste. Une vérité masquée par le voile de l’oubli surgissant des profondeurs du souvenir, et qui provoque chez Louison des fantasmes brouillant les frontières entre rêve et réalité.
Autour de cette limite ténue entre surface et passé noyé, Manon Coubia met en images des oubliées de l’Histoire. Combattantes jusqu’au bout, ces femmes ont attendu en vain la fin d’une longue nuit qui n’est jamais venue. Pour autant, elles ont refusé la soumission et sont restées fidèles à leur idéal révolutionnaire et rebelle. Messaline la Rouge et ses camarades émergent ainsi des flots telles des apparitions spectrales, profitant de la nuit pour récupérer leur héritage. Un héritage auquel la cinéaste rend hommage par des portraits puissants qui se passent de mots. Un film dédié à celles qui ont fait le monde d’aujourd’hui par leur combat, et à celles qui le font encore par leur rébellion quotidienne contre l’ordre établi.
