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Procédure d’éloignement de Baptiste Janon

Publié le 03/07/2008 par Matthieu Reynaert / Catégorie: Critique

Procédure d'éloignement de Baptiste Janon

 Nicolas est gardien en centre fermé. Au moment où commence le film, il est chargé de repeindre une cellule en blanc. Cette mission particulière sera pour lui l’occasion de se remémorer la brève passion qu’il a vécue avec la dernière locataire des lieux. 
“Un sursis impossible, comme pour chasser la mort” résumait le programme des projections. Certes. On voit bien tout le potentiel contenu dans cette mise en place, qui tire intelligemment parti des contraintes de temps et d’argent imposées, cette année particulièrement, par l’IAD (pour cause de passage au système de Bologne nous expliquait le sous-directeur Wouters).
Un huis clos dans une cellule aux murs remplis d’écrits gravés dans le béton, mille témoignages anonymes d’un passage, d’un enfermement, d’une condamnation, qui seront effacés par la peinture.
Premier regret, ce lieu n’est pas assez exploité. Alors que l’on a envie de toucher la matière, de caresser ces murs, de sentir l’odeur de la peinture et l’oppression de ces quelques mètres carrés, le metteur en scène s’adapte à la planéité des lieux, faisant de son écran un mur lui aussi, plutôt qu’un espace de relief, d’évasion ou d’expression. Les flashbacks sont, eux, répartis en deux catégories. Ceux “classiques”, à peine gâchés par la prestation hasardeuse des acteurs, et ceux, bien plus problématiques, où le présent côtoie le passé. Cet artifice de mise en scène, déjà très dépassé, frôle le ridicule lorsque Nicolas s’adresse à voix haute au “fantôme” de Rokia, son amour fugace. Un bon concept pauvrement exploité, donc, tant dans la mise en scène que dans la narration, pour laquelle la situation des centres fermés ne semble être qu’un prétexte (pourquoi alors ne pas jouer la carte de l’abstraction?).  

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