Dans le cadre du programme d’échange « Regards croisés » organisé par l’Insas, la réalisatrice Jade Debeugny a filmé en immersion une école alternative à pédagogie Freinet à Montréal. Autant de portraits croisés d’enfants qu’elle propose à notre regard avec douceur et fragilité.
Quand les voitures voleront de Jade Debeugny
Publié le 19/08/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique
Au cœur de leur école, une dizaine d’enfants s’interrogent sur le monde et traitent des questions d’actualité. La caméra, en permanence à leur hauteur, en pleine sollicitude avec leurs émotions, guette le moindre geste. Chacun s’exprime, face caméra, sur des questions de « genre » mais surtout à propos du futur. Comment se projette-t-il dans ce monde ? Quelle serait leur place ? Entre les rêves, celui de devenir danseur de ballet, créateur de jeux-vidéos, ou actrice, se tissent des regards critiques sur la société actuelle, ses défauts, ses limites. La réalisatrice nous plonge dans des questions existentielles avec la lucidité tranchée d’enfants dont les interrogations guident le film en train de se faire. Chacun a son rythme, et la caméra semble bien s’adapter au rythme de chacun, bienveillante, elle est, plus que jamais, un moyen d’expression libre à travers laquelle ils coopèrent avec les autres, et se forment comme futur citoyen.
Soulignons l’esthétique directe et immersive qui offre un espace privilégié où l’opposition entre la culture acquise et l’apprentissage s’épanouit dans l’image. La force du film réside précisément dans sa capacité à faire advenir sur le même espace et de manière subtile, des oppositions formelles entre deux générations. Le film de Jade Debeugny laisse entrevoir alors un terrain plus houleux, celui de l’intimité et des parents, toujours dans le regard de ceux qui voient le monde de tout en bas.
