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Résonances de Ruben Devoille

Publié le 01/12/2020 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Dissonances 

Deuxième court-métrage de Ruben Devoille, jeune artiste pluridisciplinaire français installé à Bruxelles, Résonances est un film de montage sidérant, intense et bouleversant.

Résonances de Ruben Devoille

Principalement composé d'images d'archives, le film est pensé comme un combat, une lutte face aux paradoxes violents du monde et de l'être humain. Quatre personnages, deux réels et deux fictionnels, agissent comme des tentatives d'évasion, de liberté ou de retraite. Dans ce maelström de fin du monde, ces quatre personnages viennent ponctuer le film : le cinéaste lui-même en gros plan, désespoir et résignation; une danseuse en pleine lumière, invitation au mouvement, à la vie et les deux personnages fictionnels, Bernadette Lafont courant dans les bois dans Révélateur de Philippe Garrel (1968) et l'un des prisonniers anonymes dans Un Chant d'amour de Jean Genet (1950), quatre personnages en noir et blanc, magnifique humanité prise dans ses propres étaux destructeurs.

 

Résonances de Ruben Devoille

Sur des images du monde agencées entre elles avec puissance et poésie, une voix-off murmurée comme un monologue intérieur vibre doucement. La voix est souvent inaudible, répétée, psalmodiée, la hauteur du son varie parfois violemment, la musique (composée par Ruben Devoille) devient crissante, accompagnant l'angoisse du montage. Ce montage s'avère très puissant, fait de raccords brillants et qui font sens – la joueuse de piano et les danseurs soufis – et perpétue le motif de la chute (World Trade Center, rochers, humains). Film éprouvant par sa noirceur, Résonances est traversé de fulgurances dont de sublimes surimpressions, et agit comme un écho à ce que nous vivons actuellement, mondialement.

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