Après La Bride, Nicolas Piret revient avec une nouvelle expérimentation sur papier, où la multitude fait place à la singularité. C’est en effet sur une seule et unique feuille que Silent Panorama, son dernier film actuellement sélectionné au Festival d’Animation d’Annecy, a été entièrement dessiné et animé. Un défi technique qui tient de la performance artistique, tout en restant dans les thèmes et les formes qui semblent chères au réalisateur.
Silent Panorama, de Nicolas Piret, 2024
Publié le 30/05/2024 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique
Dans un paysage a priori immobile, la nuit et ses habitants réveillent un couple de campeurs. Sur les traces d’un sanglier guilleret, ces deux protagonistes armés de leur seule lampe torche vont découvrir un monde de lumières et de sons, qui se dévoile petit à petit sous nos yeux émerveillés. Car au travers du processus mis en place par le cinéaste, c’est tout un univers qui se dessine au gré des pas et des coups de crayon. De saynète en saynète, le temps s’écoule comme les minutes de la nuit, riches et fugaces. Aux noirs des traits et des paysages répondent les jaunes et les rouges des lueurs nocturnes, accompagnés par des sonorités intrigantes. Un ensemble que l’on sent savamment orchestré par Nicolas Piret, aux commandes du dessin, mais aussi des ambiances de ce Silent Panorama qui n’a de silencieux que son titre.
De cette odyssée nocturne, on ressort avec un sentiment de quiétude, ainsi qu’avec un petit pincement au cœur de devoir déjà abandonner cet espace défini et pourtant immense. Comme si l’on n’avait fait que lever un coin du voile des mystères de cette nuit, dont les détails, les richesses et la beauté simple pourraient nous absorber encore des heures.
