Dans Sous le feu, Jérémie Lamouroux nous dévoile le quotidien d’une petite communauté d’adolescents et de leurs générations antérieures, issue d’un petit village perché dans les montagnes majestueuses de la région grenobloise.
Sous le feu, Jérémie Lamouroux

Bilel, membre du groupe d’amis, nous éclaire à travers des entrevues face caméra sur ses tourments et nous dévoile ses perspectives limitées d’avenir. Dans cette bourgade, le travail à l’usine est central tant pour son développement économique que pour l’accès au silicium, élément clé destiné à la production d’appareils électroniques destinés au reste de la population française. Pour l’adolescent et ses copains, leur vie se résume au foot et à la moto. Une fois l’âge adulte atteint, s’ils suivent la voie tracée par leurs aïeux, leur existence ne sera qu’un aller-retour entre le travail à l’usine et un état de langueur, un mode de vie répétitif qui les aura à l’usure avant l’âge. Jean-Jacques, ouvrier dans cette même usine, dévoile quant à lui son inquiétude croissante face à toute la précarité et l’absence de sécurité sociale qui entoure son métier. Il est d’ailleurs contraint de partir en chômage technique et sa future recherche de travail s’annonce ardue. Les ouvriers semblent devoir assumer toute la responsabilité de leur propre existence qui détériore aussi le corps à un âge bien trop précoce. Des images saisissantes prises à l’intérieur de l’usine y révèlent un environnement périlleux et hostile où flammes et machines se rencontrent et blessent. Ces deux portraits émeuvent par la tragédie sous-jacente que dépeint cette réalité d’un large pan de la population qui trime pour produire des produits cruciaux à l’économie sans être traité dans le respect et la dignité. Bilel a lui toute la vie devant lui et malgré la valorisation entre ses pairs du travail à l’usine, il ne peut se faire à l’idée qu’une vie ailleurs ne peut s’avérer meilleure. Ce film interroge donc nos rapports au travail et l’existence fragile d’un ascenseur social à embrasser ou non.
Jérémie Lamouroux a une formation en sociologie de la culture. Ses études l’ont mené à travailler pendant de longues années à un projet de récolte / organisation / diffusion de diapositives consacrées aux territoires d’ex-Yougoslavie après la guerre civile (Des paysages après la bataille). Il s’est par la suite orienté vers le cinéma, plus spécifiquement vers le documentaire de création qu’il a étudié à Lussas. Il a réalisé plusieurs essais vidéo, entre expérimental et documentaire, montrés sur scène dans le cadre de ciné-concerts (De la neige en été, De nos mains, Arrière-Plan, La mécanique des roches). En parallèle, il a crée et animé de nombreux ateliers de pratique collective du cinéma avec des adolescents sous main de justice ou en pédopsychiatrie.
Aujourd’hui, Jérémie travaille principalement dans les montagnes des Alpes et autour de Grenoble. Sous le feu est son premier film.