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The Missing série

Publié le 15/01/2015 par David Hainaut / Catégorie: Critique

L’une des séries de l’année est (un peu) belge

À défaut d’avoir - pour l’instant, en tout cas - une série belge francophone diffusée à l’étranger, faire profiter nos comédiens, nos techniciens ou nos contrées d’une vitrine 100% internationale, représente bien plus qu’un simple lot de consolation. Surtout lorsqu’il s’agit d’une série de qualité, nommée aux Golden Globes.

The Missing, série anglo-belge

 

Logique. Avec une (grosse) centaine de jours passés l’an dernier entre Binche et Bruxelles, Waterloo et Ittre, Court-Saint-Etienne et Huy, le tournage de The Missing a déjà permis à cette série britannique de susciter attrait et curiosité. Chez nous d’abord, à Cannes ensuite – lors du Marché du Film Audiovisuel en octobre dernier, le pilote a été acclamé – et puis, sur le petit écran anglais, puisque diffusés fin 2014 à un rythme hebdomadaire, les huit épisodes de 52 minutes ont attiré une moyenne de 7 millions de téléspectateurs sur la BBC. De quoi, dans la foulée, lui valoir deux nominations pour les prestigieux Golden Globes (dans les catégories Meilleure Mini-Série et Meilleur Actrice), décernés ce 11 janvier. Un succès assez estimable, puisqu’à la fois critique et public.

 

Proche de la réalité

Le pitch, imaginaire mais qui n’est pas sans rappeler l’affaire Maddie McCann, s’attarde sur la disparition d’un petit garçon prénommé Oliver. En juillet 2006, alors que la voiture de ses parents (Tony et Emily) tombe en panne sur la route des vacances, cette famille anglaise doit séjourner dans un petit hôtel de Châlons-du-Bois, un bourg français animé comme le reste du pays par un certain France-Brésil, quart de finale du mondial allemand. Une effervescence qui va avoir, on peut s’en douter, un rôle prépondérant dans l’histoire. Celle-ci rebondira en 2014, lorsque le père, surfant sur Facebook, va mettre la main sur un indice troublant.

 

Double-narration et flashbacks

Voilà qui justifie la construction assez particulière du récit, avec des allers-retours permanents entre ces deux époques. Des flashbacks qui permettent de rendre plus haletante encore, cette vasque enquête réaliste, solide, subtile, habilement construite (malgré quelques complexités dans ce long puzzle), nuancée et où, jusqu’au dénouement, on ne s’ennuie presque jamais. Sur près de huit heures, on peut franchement parler d’exploit. C’est d’ailleurs sans surprise que les auteurs (Jack et Harry Williams) se sont déjà vus confiés l’écriture d’une deuxième affaire. Et toujours, avec cette double-narration.

 

Un casting de choix

 

Tcheky Karyo dans la série The Missing

 

Connu pour ses rôles – entre autres - dans The Hobbit et une autre série à succès (La Loi de Murphy), James Nesbitt campe avec brio et émotion le rôle du père anéanti. C’est véritablement lui qui porte toute la série. Plusieurs vedettes anglo-saxonnes (Frances O’Connor, Jason Flemyng & Ken Stottet) l’entourent à merveille, au même titre que l’excellent Tchéky Karyo qui, au pied levé, a remplacé Jean-Hugues Anglade, initialement pressenti dans le rôle de l’inspecteur de police. L’acteur, aux origines… flamandes, nous confiait sur le tournage : « J’avoue que je me suis moi-même un peu tâté avant d’accepter ce tournage, car c’était une très longue aventure. Mais la richesse du rôle, le plaisir de jouer en anglais et surtout, la hargne du réalisateur Tom Shankland m’ont finalement convaincus. Je ne le regrette bien sûr pas ! »

 

Émilie Dequenne en policière

 

Emilie Dequenne dans la série The Missing

 

Émilie Dequenne, qui campe, elle, une policière, confirmait cette impression : « En découvrant le scénario avec l’assistante de mon agent, nous étions comme deux geeks super excitées. On s’échangeait régulièrement des mails : Alors, t’en es où? Qu’est-ce que tu en penses ? (sourire) » La comédienne belge, elle-même férue de séries (« Les Sopranos et Breaking Bad surtout ! »), a profité de l’occasion pour perfectionner son anglais, et a par ailleurs expliqué : « Cinéma ou télévision, série ou théâtre : je ne fermerai jamais la porte à aucun format. Excepté la pub, car j’ai le sentiment que ce n’est pas mon métier. Ici, j’ai juste eu la crainte de me retrouver perdue dans une entreprise gigantesque. Ce ne fut heureusement pas le cas. Le réalisateur était particulièrement attentif à nous. J’ai par contre été frappée par la longueur des journées : entre 15 et 16 heures de boulot ! Moi, je n’avais qu’une trentaine de journées de tournages, mais certains techniciens eux, étaient là tous les jours… »

 

D’autres Belges à l’honneur

Une pléiade de comédiens belges complète la très large distribution, dans des rôles loin d’être mineurs. On citera surtout Titus De Voogdt (remarqué dans 22 Mei et Welp), mais aussi Eric Godon (In Bruges, Rien à déclarer), Johan Leysen, Michael Erpelding, Stéphanie Van Vyve (Septième Ciel Belgique) et la plus anglaise des actrices belges, Astrid Whettnall (Au nom du fils). Mais l’ancrage belge valait également pour de nombreux techniciens, figurants et même pour la bande originale, signée par le groupe de rock gantois Amatorski.

 

Bientôt sur nos écrans

Même quelques invraisemblances linguistiques, prêtant parfois à sourire (un commentateur de foot québécois pour le match diffusé en France, deux policiers locaux qui parlent «franglais» entre eux…), ne parviendront à gâcher cet ensemble, qui a conquis toute la presse internationale : « Les acteurs sont superbes à tous les niveaux. Ils réussissent le défi de nous révéler progressivement les différents aspects cachés de leurs personnages », écrivait récemment le San Francisco Chronicle, à propos de The Missing. « C’est tout à fait le genre de rare série dramatique que tout chaîne serait fière de programmer » a, de son côté, commenté le célèbre magazine Variety. Chez nous, la série sera visible dans les prochaines semaines sur – au moins – Eén et TF1, pré-acheteurs du programme.