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Catherine Montondo

Catherine Montondo

Métier : Réalisatrice, Comédienne, Scénariste

Ville : Bruxelles

Province : Bruxelles-Capitale

Pays : Belgique

Email : Cliquez ici

Biographie

Licenciée en psychologie (Ohio University)
Licenciée en philologie russe (Université de Strasbourg)
Licenciée en écriture de scénario (ULB)
Réalisatrice fiction et documentaire
Actrice
 
Tenant un journal depuis mes 16 ans (à présent, j'en ai quelques centaines) dans lesquel le rêve occupe la même place que la vie diurne, je trouve le cinéma le format le plus proche du journal pour traduire ce qui surgit de l'intérieur.
J'ai plus de films presqu'aboutis que finis et qui font partie d'une série qui s'appelle Les films que je n'ai jamais faits. D'ailleurs, je réssucite quelques un des ces "anges déchus et enfants perdus".
A suivre.

Galerie photos

Filmographie

Le Grain de sable dans la machine

Le Grain de sable dans la machine

Assistant(e) de réalisation
documentaire
2021
 
Matin calme

Matin calme

Comédien(ne)
fiction
2004
 
Le Jardin

Le Jardin

Comédien(ne)
fiction
2003
 
En vie

En vie

Assistant(e) de réalisation
documentaire
2000
 
Le Petit-Château

Le Petit-Château

Assistant(e) de réalisation
documentaire
1999
 
La Dernière Scène

La Dernière Scène

Preneur(-euse) de son
docu-fiction
1995
 
Hésitations

Hésitations

Réalisateur(-trice)
fiction
1993
 

Filmographie en tant que réalisatrice et scénariste :

Tyniec au bout de la ligne 112
Le Métro
Hésitations
Etrangetés du soir
Belgiëque
Finally Wanted
Le chant des sirènes
GI Joe
Âmes en uniforme
Choers à coeur
Un air, mille voix
En préparation: Un Homme recherché

Filmographie en tant qu'actrice :
Amazing Grace d'André Colinet
Le Jardin d'Annick Ghijzelings
Matin calme d'Annick Ghijzelings
Il était une fois des orphelins - Rouslan Magomedov (Russie)
Histoire d'un tableau - Rouslan Magomedov (Russie)
L'Opéra - série TV

Le déclic...

Catherine Montondo

Le pli quasi imperceptible du coin de la bouche

Un jour, alors que j'étais dans ma chambre d'étudiante (officiellement, j'étais inscrite en psychologie, en réalité, je me passionnais pour le théâtre), quelqu'un frappa à la porte. Je l'ouvris à un jeune inconnu souriant et plein d'énergie. Je voyais presque des points d'exclamation après chacune de ses phrases.
- Tu veux acheter un billet de tombola?!
- Une tombola de quoi?
- Du Festival International du Film! Il fonctionne grâce, entre autres, aux gens enthousiastes du 7ème art, comme toi sûrement!
- C'est donc une bonne cause.
- Une très bonne cause!
Ainsi, inculte en cinéma que j'étais, j'achetai un billet pour la bonne cause. Inutile de vous dire que je gagnai le gros lot : places gratuites à toutes les séances, invitations aux séminaires avec t-shirt et toutes les publications du ciné-club de la ville en cadeau. Je ne profitai malheureusement pas beaucoup de la générosité que ce qu'on s'obstine à appeler le hasard me témoigna. Mon attention était ailleurs. Un jour, la maquilleuse au théâtre où j'avais commencé à travailler tomba malade et je la remplaçai. Tandis que je maquillais les yeux d'un acteur, celui-ci, voyant que j'avais la main un peu légère, me dit, "N'aie pas peur, tu peux en mettre un paquet. Sinon, les gens du dernier rang ne vont rien voir." "C'est dommage, pensais-je, ils ne peuvent donc certainement pas capter certains regards (puisqu'il faut tout ce maquillage déjà pour voir ses yeux), un mouvement microscopique des sourcils ou le pli quasi imperceptible du coin de la bouche par lesquels l'âme révèle tout ce qu'elle veut dire malgré elle." Mais comment rendre, dans un art vivant, ces petits signes que le corps manifeste? Par le cinéma, voyons! Le cinéma, oui, mais... Quelques années plus tard, une amie, fan de Fassbinder, m'invita à voir dans une rétrospective le film Tous les autres s'appellent Ali. Je sortis du film lourde de tristesse et d'amour. Le corps de deux personnages, leur tendresse, leurs vêtements, leurs mains sur la table à côté de tasses bon marché et du café instantané me rappelaient certains amis et leurs vies. Ce sont des choses qui me semblaient si importantes à garder quelque part. Il est difficile de conserver une réalité. Mais Fassbinder l'a fait. A l'ombre de cette réalité le reste devenait plus tendre et humain. Lorsque je vis les films de Kieslowski (d'avant Véronique et encore lors d'une rétrospective), je compris à quel point étaient importants ces mouvements infiniment subtils de l'être - un dos immobile s'ouvre et se contracte avec la respiration en attente de quelque chose, des doigts jouent avec une poussière, des lèvres hésitent à oser parler. Dans Tu ne tueras point, Jacek Lazar (Miroslaw Baka), un gars paumé qui erre dans Varsovie, pousse par terre un jeune homme qui semble se moquer de lui. Avant de partir, Jacek lui jette un regard. Avec un sourire narquois au coin des lèvres. Cette expression, ce tout petit sourire de rien du tout est pourtant chargé de toute son histoire depuis les gens qui ne l'ont pas aimé jusqu'à l'homme qu'il tuera. Il évoque des destins pareils que je touchais peut-être sans le savoir, mais c'est le film qui me fit penser qu'ils portent en eux la même humanité. J'étais en admiration devant cet art qui consiste à prendre les matériaux de nos vies quotidiennes - un homme, une rue, un ciel gris, un sourire - et à entrer dans les êtres comme une main pour tirer, réveiller, appeler, inviter. C'est un beau but à se donner en tout cas. Mon chemin, comme tous les autres, est jonché de hasards qui n'en sont pas. C'est beau, c'est un moyen que la vie a de nous mener là où l'on doit aller. Si on n'y va pas plus tôt, on finit de toute façon par y arriver plus tard.

Catherine Montondo

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