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Ruis de Marike Verbiest

Publié le 07/05/2010 par Anne Feuillère / Catégorie: Critique

La lutte dans l’infini

Film de fin d’études au KASK, réalisé par une jeune réalisatrice néerlandaise, Marike Verbiest, Ruis a remporté ex-æquo le prix Cinergie avec Grise mine à Anima où tous deux étaient présentés dans la compétition des films belges. Ruis, qui signifie « le souffle », filme la lutte d’un cheval avec le vent

Grâce à une magnifique bande-son qui rythme les plans et le découpage des scènes, le film, d’une grande simplicité narrative, dévide sa métaphore, forte et touchante, d’une lutte inégale. L’animal, en fil de fer, évoque, par ses lignes épurées et fines, les créatures de Picasso ou de Giacometti. Par sa structure, il semble totalement ouvert, et évolue dans un paysage désertique où les bleus fondent et se mélangent. Peu à peu, dans les mouvements de l’animal qui tente de faire face au vent, recule, ploie, se débat, tout se défait, se décompose, se dévide et se reforme. La bataille est belle, mais le vent est le plus fort. L’animal finit par être dispersé par le souffle, et se perd dans le paysage dans lequel il se fond.

Étonnamment abstrait et simple, Ruis procède d’une idée simple et visuellement forte qu’il expérimente jusqu’au bout à travers la technique du stop motion. Au-delà du tour de force technique, ce défi qui consiste à représenter cet invisible, le vent, la magie de ce petit film modeste, servi par une très belle bande sonore qui l’engloutit tout entier dans sa tourmente, réside dans son visuel très épuré, et cette atmosphère étrange et abstraite dans laquelle il nous fait entrer, qu’on pourrait croire désespérée - la bataille est perdue - mais qui ne l’est pas. Car l’espace est largement ouvert à l’imaginaire, à l’infini, à la mutation, et que la résistance aura fait place à la mutation.

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