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La musique de Jean Benoît Ugeux

Publié le 20/08/2020 par Ruben Thomas / Catégorie: Critique

Toujours aussi prolifique, tant au théâtre qu’au cinéma, Jean Benoît Ugeux nous propose un cinquième court-métrage, dont il assure le scénario, la réalisation ainsi que le premier rôle. Après le très bon Eastpak, comédie traitant du racisme ordinaire, il s'intéresse désormais aux relations père-fils et leurs lots de complications. Avec, déjà, une certaine réussite, puisque le film a été largement récompensé lors de la dernière édition du FIFF (Bayard du meilleur court-métrage et de la meilleure interprétation pour Jean Benoît).

 

La musique, c’est l’histoire d’un père et son fils qui se sont trop peu vus et qui tentent, maladroitement, de (re)nouer un lien. Le seul espoir, si mince soit-il, c’est la musique. Plus qu’une passion, elle semble être le seul langage du père, un pont qu’il jette volontiers à son fils, sans pour autant lui laisser d’autres alternatives. Si bien qu’on conçoit davantage les efforts du fils, forcé d’atteindre son père par cette seule porte. De Schubert au rock psychédélique, le fossé semble aussi large que celui qui sépare le père et son fils. Car s’ils sont parfois complices, les blessures passées semblent trop profondes pour être guéries.

Dans les rôles du père et du fils, on retrouve Jean Benoît Ugeux et Balthazar Monfé, déjà réunis sur le court métrage Le film de l’été, réalisé par Emmanuel Marre. Très justes, les deux comédiens donnent vie à une relation crédible et délicate. Un fils qui cherche sa place dans l’univers de son père, pour qui la musique semble être la seule préoccupation. Un père qui n’écoute jamais vraiment son fils et reporte volontiers les torts sur ce dernier. Dans une séquence, le père traduit un opéra à son fils. Il s’agit d’une oeuvre de Schubert, adaptée du poème Le Roi des Aulnes*. Ce passage raconte la détresse d’un jeune garçon - menacé par le Roi des Aulnes - à qui le père ne vient pas en aide. Parabole évidente de la relation avortée entre le père et son fils. Le garçon s’efforce d’écouter tandis que le père, emporté par la passion, ne prête guère attention à l’ironie de la situation.

Tout en sobriété, Ugeux dresse un tableau tendre et réaliste de la difficulté pour deux personnes de se rencontrer, quand bien même il s’agit d’un père et son fils.

 

En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/

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