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La Ressource humaine de Adriana da Fonseca

Publié le 01/09/2020 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Le travail, c’est la santé

 

Camille (Adriana da Fonseca), une jeune femme hypersensible, rêveuse et en apparence inadaptée n’a plus le choix : elle doit travailler. Car personne n’échappe bien longtemps aux règles immuables de la société. Elle se retrouve du jour au lendemain catapultée dans le monde cruel et impitoyable de l’entreprise.

La Ressource humaine

 

Et de se retrouver dans un entretien d’embauche surréaliste où son potentiel futur patron lui donne le « job description » : « C’est très basique : vous serez en charge du suivi de production, de la rédaction du (anglicisme incompréhensible), de la définition du planning de production, de la coordination interne auprès des experts techniques et au niveau logiciel, rien qui devrait vous surprendre… Et au niveau de l’intégration continue, vous utilisez quoi habituellement ? ». Malheureusement, les conseils de sa vieille tante Madeleine n’ont plus vraiment la moindre utilité dans le monde du travail d’aujourd’hui : « Quoi qu’il arrive, tu ne dois jamais montrer que tu as des doutes ou que tu ne comprends pas ce qu’on te demande. Tu acquiesces. Tu les regardes bien et tu les imites. Tu fais semblant. Tu as beaucoup plus de ressources que ce que tu imagines ». Ne comprenant que dalle à la conversation, Camille acquiesce et tente un vague néologisme en anglais.

 

Si Camille est miraculeusement engagée chez World is Mine, une entreprise louche dont l’objectif est de devenir le leader mondial de l’industrie textile, ses ressources vont très vite montrer leurs limites, dès la première heure du premier jour en fait !

 

Très amusante ode aux inadaptés, satire d’un monde de plus en plus déshumanisé, qui confond compétences avec asservissement, la Ressource Humaine se termine sur une touche poétique et de rébellion bienvenue, invitation à arrêter de faire semblant, à dire merde de toute urgence à tous ceux qui ont oublié que, sans inventivité et une note de poésie, le travail n’est en fin de compte qu’une forme « civilisée » d’esclavagisme. Comme le chantait Henri : « Les prisonniers du boulot n’font pas de vieux os ! »

 

En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/

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