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Sur le tournage de la série Baraki (Saison 2)

Publié le 02/12/2022 par David Hainaut et Harald Duplouis / Catégorie: Tournage

Douze épisodes de plus pour Baraki

Première série belge francophone à avoir expérimenté le format du vingt-six minutes, Baraki vient de boucler le tournage de sa deuxième saison. Un projet atypique qui a su trouver son public, respectivement sur Be TV, Tipik et plus récemment Netflix, où elle est restée plusieurs semaines dans le Top 10 des programmes les plus regardés dans le pays. Y compris en Flandre, donc.

Petit crochet sur le plateau de cette nouvelle salve à Asse, où l'équipe en était à sa dernière semaine de prise de vues.

Ces temps-ci, l'actualité des séries belges est dense. Après la récente diffusion de celle intitulée Des gens bien, avant celle attendue de 1985 - qui précédera début 2023 les dévoilements d'Ennemi Public 3 et d'Attraction -, et quelques jours après le tournage de la première adaptation d'une série flamande (Trentenaires), c'était au tour de la deuxième saison de Baraki de clôturer son tournage. Et c'est dans la relative froideur des derniers jours de novembre, en pleine campagne du Brabant Flamand - plus exactement à Asse - que nous a amené ce qui devrait être notre dernière visite de plateau de l'année. Le lieu du jour ? Un petit café reculé, servant de décor durant quatre jours à un endroit emblématique de la série, le bar "Le Prestige". L'action ? Quelques scènes où l'une des principales comédiennes de la série, Laura Sepul, alias Cynthia Berthet, malmenait un flipper...

Quatre cinéastes en alternance

Si un tournage de série s'apparente pendant plusieurs mois à un marathon intense, celui-ci était logiquement un peu plus court pour l'équipe, puisque douze épisodes - au lieu de vingt - composent cette nouvelle salve, initiée en septembre. Des épisodes qui gardent ici la particularité d'être partagés à la mise en scène par quatre cinéastes. Fred De Loof et Adriana da Fonseca ont ainsi rempilé à ce poste, tandis que Peter Ninane (co-créateur de la série) et le Luxembourgeois Govinda Van Maele sont les nouveaux venus. Da Fonseca, présente lors de notre passage, détaille ce fonctionnement : "En fait, Fred et moi en réalisons quatre chacun, Peter et Govinda deux. Pour la répartition du travail, c'est simple : chacun(e) va vers ses thématiques préférées. Mais tout ça se construit assez naturellement. Par exemple moi, j'en réalise un avec un groupe de rappeurs trisomiques et un autre avec une histoire d'amour. Mais je préfère ne pas trop dévoiler ", dit-elle, avec le sourire.

Une saison 2 avec plus d'univers différents

Et lorsqu'on demande à da Fonseca en quoi une deuxième saison diffère-t-elle d'une première, da Fonseca rétorque : " Ce qui est plus simple, c'est que les personnages sont déjà installés. On trouve d'ailleurs tous et toutes que les acteurs sont meilleurs ! Même les ados, qui vieillissent pour de vrai, puisque deux ans se sont passés depuis le premier tournage, sont mieux. À l'inverse, le plus compliqué est peut-être de se réinventer. Mais cette deuxième saison a plus d'univers, plus de décors, plus de déplacements et donc plus de technique. Ce qui fait qu'on a moins de temps de tournage pour chaque séquence. Cela dit, ce dernier point est justement sauvé par le talent de nos acteurs. Sans quoi on aurait pu galérer ! Et puis, à la fin de la première saison, un enfant naissait et là, on le retrouve donc à deux ans. Ce qui est aussi une sacrée expérience à vivre ! "

Des curseurs poussés plus loin

Évidemment, avec des cinéastes en alternance et des univers parfois très variables, il importe de préserver l'homogénéité du récit. David Mathy - l'un des trois producteurs, avec le tandem formé par Benoît Roland et Nabil Ben Yadir - et les auteurs veillent donc en permanence, à tour de rôle, sur le plateau. À savoir, les deux créateurs Julien Vargas (qui joue aussi le rôle d'Yvan Lejeune) et Ninane (également réalisateur, donc), ainsi que leurs deux acolytes Sylvain Daï et Pierre Hageman. Ce dernier, qui était de la partie lors de notre visite, s'exprime : "Avec autant de cinéastes, d'épisodes et d'histoires différents, il peut parfois y avoir une perte de détails dans la continuité, dont nous sommes un peu les garants. On essaie donc de ne pas oublier une réplique particulière, pouvant avoir des répercussions sur ce qui est dit trois épisodes plus loin, par exemple. Mais à peu de choses près, comme on est la même équipe depuis l'origine du projet, on est bien rodés quant à cette concrétisation de nos idées émises sur papier. On a d'ailleurs eu pas mal d'imagination cette fois " (sourire). " Il y aura encore plus de mouvement que sur la première, car les curseurs ont été poussés plus loin ! ", précise encore celui qui a entamé son parcours dans la post-production et l'animation, avant de suivre plusieurs formations et d'être intégré à l'équipe de scénaristes dès la saison 1. " C'est un peu une histoire de réputation ", avoue-t-il. " J'avais travaillé sur d'autres projets qui ne sont pas concrétisés. Mais les créateurs avaient entendu dire que j'étais plutôt branché dans l'écriture de comédies, et comme on est peu nombreux dans ce domaine-là, j'ai reçu un coup de fil pour être testé. Et comme ça a vite fonctionné aussi bien humainement que techniquement, j'ai été embarqué dans cette aventure. "

Les séries, un terrain de jeu important

Trois producteurs, quatre cinéastes, quatre auteurs et plusieurs centaines de comédiens et comédiennes impliqué.e.s sur un total de trente-deux épisodes : comme d'autres séries, Baraki permet de faire travailler du monde. En témoigne da Fonseca. " C'est le moins qu'on puisse dire. J'en suis un exemple, car à la base, je suis comédienne (NDLR : elle joue d'ailleurs dans la série) et je n'avais jamais fait que deux courts-métrages avant d'arriver sur Baraki. C'est donc une chance de pouvoir réaliser ici. Les séries sont une école de dingue, car c'est un terrain de jeu où on peut expérimenter plein de choses, en étant souvent sur un plateau. Car normalement, réaliser, c'est écrire un film pendant quatre ans puis tourner pendant trente, quarante ou soixante jours. Là, on met en scène pendant des tonnes d'heures, on apprend vachement. Puis, c'est chouette, car beaucoup de gens autour de moi me parlent de cette série. On a la sensation de participer à quelque chose qui est bien vu ".

Et Hageman d'ajouter : " Si je suis revenu au scénario, c'est bien parce que la création de ces séries a offert de nouvelles opportunités à de jeunes auteurs comme moi. C'est vraiment un cadre parfait pour apprendre, écrire et concevoir des projets, en étant en plus bien chapeauté par des gens connaissant aussi bien leur audience que leur format, via l'atelier d'écriture de la RTBF. J'avais certes une base solide grâce à un master d'écriture à l'IAD, mais là on fait des choses concrètes, qui étaient inimaginables il y a encore moins d'une dizaine d'années. Et c'est gai de voir apparaître un tel vivier d'idées et de personnes qui se donnent à fond pour obtenir une série ambitieuse, plus spécifique et plus jeune, même si on n'est que la partie francophone de Belgique. D'ailleurs, on se connaît et on se fréquente à peu près tous. En continuant à sentir une émulation qui fait du bien..."

Un financement qui reste délicat

Novatrice voire expérimentale tant dans son format que dans son genre, sans avoir l'obligation de résoudre une enquête policière lors de chaque épisode, Baraki espère encore durer. " Oh oui ! ", réagit Hageman avec enthousiasme. " Il y a tellement de choses qu'on n'a pas pu mettre cette fois qu'on espère déjà une troisième saison ". Ce que da Fonseca, qui projette en parallèle l'écriture de son premier long-métrage, confirme : " On aimerait bien tous, il y a de quoi faire : les auteurs en ont sous la pédale, il peut y avoir encore beaucoup d'histoires à raconter ".

Absent du plateau ce jour-là mais contacté un peu plus tard, David Mathy, l'un des producteurs, nous dira : " Au niveau de la dramaturgie, c'est tout à fait possible de poursuivre, car on peut comparer Baraki à un soap opéra. Après, le financement reste quelque chose de très problématique au niveau des séries en Belgique, car les risques qu'on prend au niveau de la production et des équipes sont énormes. Donc, si on se lance dans une troisième saison, il faudra qu'on aille vers quelque chose qui ait du sens, en trouvant peut-être une manière plus pérenne de produire, avec des préachats d'autres chaînes. Car sans pré achat, il faut bien s'en rendre compte, c'est encore difficile ! "
En attendant, la série livrera son verdict dans quelques mois sur la RTBF, en compagnie de la même troupe de comédiens et comédiennes : de Sophie Breyer à Pierre Nisse, en passant par Fred De Loof, Gémi Diallo, Sophia Leboutte, Chantal Pirotte, Laura Sepul, Anaël Snoek, Julien Vargas (...), et quelques nouveaux venus, dont Achille Ridolfi (Au nom du fils), Jan Bijvoet (Into The Night) et Fabrice Adde (Eldorado). Signalons enfin que la chaîne publique doit ces jours-ci se prononcer sur sept autres projets en développement, et qu'elle lancera un nouvel appel à projet en janvier pour des séries dans la même durée.

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