En mai 2002, Blissfully yours, le second film d'un jeune réalisateur thaïlandais, Apichatpong Weerasethakul provoque un choc au Festival de Cannes. On ne s'en est toujours pas remis. On se souvient de cette séquence envoûtante, magique, qui offrait le monde avec une unité de la durée et du temps : Une jeune femme s'assoupit après avoir fait jouir son amant, un long plan de nuages survient - en deux parties - soleil et ombres, à la verticale et à l'horizontale (pas de pluie comme dans Une Partie de compagne de Jean Renoir). Pour « Joe » comme l'appelle ses amis, la nature est du temps qui se réalise.
Palme d'Or avec Uncle Boonmee, en mai de cette année, « Joe » est un grand amateur de La cité des douleurs et du Maître des marionnettes de Hou Hsiao-Hsien, de ce cinéma asiatique pour qui le temps reste un volume avec une profondeur du temps, et donc du sens. Le temps des instantanés dans le surplace du bref-bref reste étranger à ce jeune cinéma de l'Extrême-Orient.
Cinergie a posé quelques questions à « Joe » sur son cinéma qui situe l'homme dans ses trois dimensions : passé, présent et futur, hic et nunc.