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Charles Peccia-Galletto, Mon inséparable

Publié le 15/05/2025 par Katia Bayer / Catégorie: Entrevue

« On veut être visible, mais ce n’est pas toujours facile » 

Mon inséparable est un premier film touchant sur l’émancipation sur trois générations, réalisé par Anne-Sophie Bailly. Co-produit par Les Films Pelléas (côté français) et Frakas Production (côté belge), il a glané 3 prix à Venise. Venu le présenter au Festival du film d’amour de Mons, le comédien Charles Peccia-Galletto, qui y partage l’affiche avec Laure Calamy, évoque son rôle principal qui lui a par ailleurs valu une présélection au César de la révélation masculine 2025 (une première pour un acteur en situation de handicap). À l’occasion de cet échange, il s’exprime sur le regard porté par Anne-Sophie Bailly, le manque de diversité dans le cinéma français et les rôles qui peuvent se faire rares, malgré des débuts remarqués.

Charles Peccia-Galletto, Mon inséparable

Cinergie : Mon inséparable n’est pas encore sorti en Belgique. Pouvez-vous me le pitcher ? 

Charles Peccia-Galletto : Je joue le rôle de Joël qui travaille dans un centre de placement pour personnes handicapées. Ma copine tombe enceinte, ce qui bouleverse ma relation avec ma mère qui va changer avec l’arrivée de cet enfant. Le film parle d’émancipation, des deux côtés.

 

C. : On a beaucoup parlé de votre lien avec Laure Calamy. Comment avez-vous vécu la collaboration, le travail avec Anne-Sophie Bailly ? 

C.P-G.: Au début, j’étais peut-être trop prétentieux. C’était mon premier grand rôle, j’avais trop d’ego. Anne-Sophie a eu le courage de me recadrer gentiment. J'ai beaucoup aimé ça, car elle s’intéressait vraiment à moi. Elle m’a vraiment aidé à me concentrer sur l’essentiel, à me dire de ne pas surjouer. Elle a été exigeante, mais juste. J’ai beaucoup confiance en elle, dès qu’elle me dirige. Elle a une très bonne analyse du jeu, elle était actrice avant. Je sais que ses conseils sont judicieux, ça m’a permis de donner le meilleur de moi-même.

 

C. : Avant ce premier rôle, quel a été votre parcours ? 

C.P-G.: J’ai fait beaucoup de figuration. J’ai eu un petit rôle dans Elle et Lui et le reste du monde d’Emmanuelle Belohradsky. Puis, il y a eu Mon inséparable. Le tournage s’est enchaîné en Belgique, à Dunkerque et à Paris. C’était intense, j’ai tourné 26 jours sur 38, Laure, elle, a tourné 33 jours sur 38. C’est vrai qu’avoir autant de jours de tournage, ça donne le vertige.

 

C. : La figuration, c’est souvent frustrant, non ? 

C.P-G.: Oui, le problème avec les figurations ou silhouettes, c’est qu’on est anonyme. On attend, on ne peut pas s’exprimer, on est là sans exister vraiment. On est un élément de décor. Et encore, si on est dans une foule, on est juste un membre de la foule. Je préfère ne pas être vu plutôt que d’être un simple élément de foule.

 

C. : Quelle était votre ambition d’acteur, à l’origine ? 

C.P-G.: Après le lycée, j’ai fait des études en économie et sciences sociales à Paris, puis un an à Los Angeles, où j’ai pris des cours de théâtre. En rentrant, j’ai su que je voulais jouer. Mais c’est difficile. On doute. On veut être visible, mais ce n’est pas toujours facile.

 

C. : Le film vous a apporté cette visibilité ? Il y a eu les festivals, une nomination pour les César, vous n’êtes plus un anonyme dans la foule… 

C.P-G.: : Oui, un peu. J’ai un agent maintenant, mais après le film, j’ai eu une période creuse. J’ai passé un casting, j’en ai passé juste deux récemment. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas. Ça dépend aussi du profil.

 

C. : Anne-Sophie Bailly a voulu raconter une histoire transgénérationnelle sur la parentalité et pas faire un film sur le handicap. Qu’avez-vous le sentiment d’avoir appris sur ce projet ? 

C.P-G.: J’ai trouvé la performance de ma partenaire de jeu, Julie Froger, un film très intense. Elle est sur le spectre autistique. Ça m’a fait réfléchir sur le monde du handicap, notamment le handicap mental. On dit qu’elle a un handicap mental, mais c’est juste qu’elle pense différemment. Le handicap va directement dans une case. J’ai compris qu’il ne s’agit pas d’une déficience, mais d’une façon différente de penser, d’une intelligence différente. Le cinéma ne représente pas encore assez cette diversité. Ça change un peu, mais pas beaucoup.

 

C. : Quel cinéma vous intéresse ? 

C.P-G.: Les films de Spielberg, de Tarantino... Mon préféré reste Inglourious Basterds. Côté français, j’aime bien Cédric Klapisch. Mais je ne suis pas un expert du cinéma français. Il y a beaucoup de films que je devrais rattraper, mais je ne le fais pas parce que je suis paresseux ! Je regarde davantage YouTube. J’apprends des choses intéressantes et pas si intéressantes. Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, surtout sur Instagram, à regarder des vidéos de chats et de chiens ! Je m’amuse sur mon propre compte, je poste des monologues, des vidéos. J’ai 1 200 abonnés, ce n’est pas énorme, mais je m’amuse !

 

C. : Que pensez-vous des festivals de cinéma où le film est montré ? 

C.P-G.: C’est sympa, mais je me demande parfois si c’est le meilleur moyen de faire découvrir un film. Est-ce que c’est le meilleur moyen de montrer le film à un maximum de gens ? En tout cas, ça rassemble les gens, surtout dans les régions avec moins d’offres culturelles, donc ça a du sens.

 

C. : Comment voyez-vous l’avenir ? 

C.P-G.: C’est trop tôt pour le dire. J’ai fait du théâtre, des courts-métrages. J’aimerais faire plus de longs-métrages. Ce que je sens par contre, c’est que le métier évolue petit à petit, c’est une bonne chose.

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