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Barbara Hellemans, cascadeuse, actrice, modèle, etc.

Publié le 07/03/2022 par Grégory Cavinato et Harald Duplouis / Catégorie: Entrevue

Cascadeuse et assistante coordinatrice des cascades, mais également actrice, modèle et sportive multidisciplinaire, Barbara Hellemans n’en est pourtant qu’à la première de ses neuf vies. Arpentant les plateaux de cinéma depuis 2016, en Belgique et ailleurs, elle a tourné avec les plus grands, de Bertrand Blier à Fabrice Du Welz, en passant par Leos Carax, Joachim Lafosse, Lucile Hadzihalilovic et Zoé Wittock, et fut la doublure, tour à tour, de Muriel Robin, Noémie Merlant et même de Simon Helberg ! Un profil si unique au sein du cinéma belge ne pouvait échapper aux questions de Cinergie. Nous avons fait la connaissance d’une femme lumineuse, à l’énergie irrésistible.

 

Cinergie : Pouvez-vous nous résumer votre parcours ? Comment êtes-vous arrivée dans ce métier ? Être cascadeuse en Belgique est particulièrement atypique, surtout dans un cinéma où l’action n’est pas monnaie courante.

Barbara Hellemans : J’ai des origines roumaines et un papa belge. J’ai commencé à monter à cheval à l’âge de 10 ans. À 16 ans, j’ai été amenée à partir aux Etats-Unis et c’est là que j’ai découvert le travail des cowboys dans un ranch. Adolescente, j’étais un peu un garçon manqué et dans ce ranch, j’ai trouvé un certain équilibre de vie. J’y suis retournée et à 18 ans, j’y étais apprentie et c’est là qu’il y a eu un premier événement lié à la cascade : j’ai aidé à l’entraînement des chevaux pour un film. C’est là que j’ai appris à tomber avec un cheval et que j’ai découvert qu’il existait un métier de cascadeur où le risque était calculé, où l’entraînement faisait la réussite d’une cascade. Je discutais avec des gens dont je ne me souviens plus du nom, mais je me rappelle qu’ils parlaient tous de leur métier avec passion et j’admirais cela. Le soir, on partageait nos moments de la journée, comment on avait ressenti tel ou tel cheval. C’était une sorte de débriefing. C’était au début des années 90. Avant ça, j’étais plus intéressée par l’action physique que par tout ce qu’il y a autour : le plateau, la production. Puis en regardant ça, j’ai eu une sorte de révélation.

Alors, une fois rentrée en Belgique, comment fait-on ? Nous n’avons pas les infrastructures qu’ils ont là-bas. Pas d’internet à l’époque ! Je nourrissais depuis toute jeune le rêve de devenir une actrice qui fait ses propres cascades. Mon rêve c’était ça ! Mon père travaillait dans le milieu des voitures, donc il me parlait de Rémy Julienne. Mais j’étais un peu bloquée dans une famille où, à l’époque, être artiste n’était pas une option. Etant sportive depuis toujours, j’ai commencé à essayer un tas de choses : je me suis mise à la moto, je faisais de l’équitation, du tennis, de la natation… À chaque fois qu’il y avait moyen d’apprendre un sport, j’étais partante. Finalement, il y a cinq ans, je suis retournée vers la cascade grâce à ma rencontre avec un stunt coordinator flamand, Olivier Bisback, qui a sa propre société, Into Action. Il était le seul stunt coordinator à être sorti de l’école de Seattle et il m’a mis le pied à l’étrier. En fait, on est d’abord doublure physique, puis, au bout de quelques années, on peut devenir assistant stunt coordinator et, bien plus tard, stunt coordinator. En tant que doublure, on double l’acteur ou l’actrice dans une action physique à risque. En tant qu’assistant stunt coordinator, on gère et on sécurise le plateau. Il faut regarder tous les paramètres de sécurité autour de soi, il faut surtout sécuriser l’acteur, vérifier que tout est en ordre et que rien n’est dans le chemin pour que la cascade se passe bien. Enfin, en tant que stunt coordinator, on chorégraphie la cascade avec l’actrice ou l’acteur. C’est un métier qui demande énormément d’entraînement et, personnellement, il faut une certaine rigueur, de la discipline et de la motivation. Mais surtout, le plus important dans ce métier – dans n’importe quel métier d’ailleurs, mais aussi dans la vie – c’est la passion. Il faut avoir la passion de vivre, puis insuffler cette passion aux autres. Il faut avoir l’envie de rendre quelque chose parfait. Il faut être perfectionniste, très « focus » sur ce qu’on fait, parce que la santé physique de l’acteur avec qui on travaille en dépend. Il faut que tout se passe bien !

 

C. : Quel genre d’entraînement suivez-vous ? Pour quel genre de scènes fait-on appel à vous ?

B. H. : Je ne fais pas de parkour, par exemple. Mais l’entraînement m’a amenée à m’adapter facilement à tout ce dont j’ai besoin dans ce métier-là. Il faut être flexible, avoir de la force, de l’endurance. Je fais de la boxe et je pratique certains arts martiaux. D’office, mes entraînements se terminent par une séance de yoga pour l’assouplissement, c’est important de rester souple. En général, la préparation physique, c’est entre deux et trois heures d’entraînement tous les jours. Sans exception. Il faut vraiment de la rigueur et de la discipline.

 

C. : Avez-vous des modèles dans le métier ? Qui sont les hommes et les femmes d’action qui vous ont le plus influencée ?

B. H. : Il y a Jean-Paul Belmondo, bien sûr, qui a été, dans le cinéma français, l’acteur le plus physique. J’étais passionnée par ses films. Tom Cruise, même si je ne suis pas une grande fan, c’est quand même quelqu’un qui fait beaucoup de choses lui-même, quitte à se blesser. Mais il y a une cascadeuse que je trouve impressionnante : Olivia Jackson, qui était la doublure de Milla Jovovich. Malheureusement, en 2015, sa carrière a pris une tournure assez triste, parce qu’on l’a amputée d’un bras suite à une cascade en moto sur le tournage de Resident Evil : Le Chapitre Final qui a mal tourné. Elle reprend du poil de la bête, mais sa carrière n’est plus du tout la même. Amputée d’un bras, c’est compliqué de pouvoir travailler à nouveau comme cascadeuse, parce qu’il faut tout un temps avant de pouvoir mettre une prothèse. Mais elle continue ses entraînements, donc… qui sait ? Je continue à suivre ça de près, parce que c’est une personne que je trouve touchante et incroyablement courageuse.

 

C. : Comment l’équipe des cascades collabore-t-elle avec le metteur en scène ?
B. H. : La manière de travailler aux Etats-Unis est très différente de la manière de travailler en Europe. Il est très important que le réalisateur ait un contact assez direct avec le coordinateur des cascades ou l’assistant coordinateur, histoire que l’on sache exactement ce qu’il veut. Souvent, c’est répété. On a des réunions préparatoires et on assiste souvent à certaines réunions de production pour la partie cascades. Donc, on a déjà une idée de ce qui doit être fait. Après, il faut budgétiser tout ça et l’envoyer à la production. Mais souvent, sur un plateau, on est très proche du réalisateur et à l’écoute de ce dont il a besoin, parce que plus on est proche de ce qu’il veut, plus il sera heureux et content du résultat. Du coup, on sait ce qu’on aura à travailler également lors des répétitions avec les acteurs.

 

C. : En quoi consiste la sécurisation des comédiens ?
B. H. : Les points importants qui doivent être sécurisés et protégés, s’il y a moyen, en fonction des cascades à réaliser, c’est au niveau des os qui ressortent ou des points d’impact. Donc, les coudes, les genoux, les tibias et les poignets : on les protège par des sortes de protections que l’on glisse sur le corps : des genouillères, des coudières. Pour des cascades plus dures, par exemple des chutes où l’impact est plus important, on a des protections qui sont renforcées avec des coques qui ressemblent à ce que portent les coureurs de Formule 1, des protections dorsales, au niveau des fessiers, au niveau des hanches. Ce qu’on protège, c’est tout ce qui va avoir un impact avec le sol, avec le mur. On apprend aussi aux acteurs à bouger, à tomber, on leur montre les choses que l’on peut et que l’on ne peut pas faire. Il faut évidemment toujours bien protéger la tête, c’est le plus important, mais je dirais qu’on est surtout là pour que l’acteur ne se blesse pas. Il doit y avoir zéro % de risque. Parce que l’acteur doit continuer le film ! Et s’il se passe quelque chose avec lui, le tournage est à l’arrêt. Donc, l’acteur, c’est notre priorité. Après, naturellement, il y a toute l’équipe. Il faut être sûr que la caméra est placée à un endroit où il n’y a aucun risque. Quand on travaille avec des câblages, on fait une répétition purement technique. On est toujours accompagné, on n’est jamais seul sur un plateau, minimum deux. Et en général, ça se passe toujours bien !

 

C. : Pouvez-vous nous raconter quelques anecdotes sur les meilleures cascades ou les moments les plus mémorables de votre carrière ?

B. H. : Jumbo de Zoé Wittock, a été génial. J’étais suspendue à 17 mètres de haut, sur des câbles. J’aime tout ce qui est aérien. Il y a quelque chose avec le vide qui me plaît. Le saut en parachute à 4000 mètres, j’ai adoré ! J’espère en faire un à 7000 mètres. Dans Jumbo, marcher pieds nus sur ces bras mécaniques à 3h du matin par un froid glacial, c’était un peu de l’équilibrisme, mais ça s’est très bien passé. Tu as l’impression que tu vas glisser parce que la structure ne se prête pas à marcher dessus comme il faudrait… Il y a eu d’autres choses : les chutes dans les escaliers. En Belgique, on n’a pas les budgets qu’ils ont aux Etats-Unis, donc on travaille avec de vrais escaliers, en bois, en marbre… Aux Etats-Unis, ils travaillent avec des escaliers qui sont produits spécialement pour la cascade, dans une sorte de silicone, donc quand on tombe, on ne le sent pas de la même manière ! Les scénaristes et les réalisateurs ont souvent une vision de leur acteur dans une tenue particulière, qui ne permet pas toujours de porter des protections ! Quand tu es dans une robe sans manches, avec un petit décolleté, les caméras ne te permettent absolument pas de porter de protections, parce que ça va se voir ! Donc les os sont à nu et on le sent passer ! Dans le téléfilm Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi, j’étais la doublure de Muriel Robin pour toutes les actions physiques. Je portais une chemise de nuit, donc aucune protection possible ! Dans Inexorable, de Fabrice Du Welz, petite robe également, très près du corps… aucune protection possible ! Dernièrement, pour Des gens bien, une série qui sera diffusée sur la RTBF en 2022, j’ai été mise en feu. La scène est vraiment pas mal. Je ne peux pas en dire plus, mais ça en vaut vraiment la peine ! J’ai été mise en feu une dizaine de fois dans ma carrière. J’adore ça !

 

C. : Moi je suis une mauviette, mais ça, c’est vraiment ce qui me ferait le plus peur : le feu !

B. H. : C’est vrai ? La confiance avec les gens avec qui tu travailles est très importante, savoir qu’on peut compter sur eux. Surtout pour des cascades où tu es mise en feu, pour le visage, les cheveux, des parties du corps qui sont à nu… Tu sais que tu as ton coordinateur de cascades qui est là. Tu sais que tu as quelqu’un qui est là pour t’éteindre. Le matériel est vérifié deux fois quand on arrive sur le tournage. Il est encore vérifié cinq minutes avant la cascade. C’est toujours un travail d’équipe. Donc on respire un bon coup et on se dit que ça va aller !

 

C. : Avez-vous eu des accidents, des moments où ça a mal tourné ?

B. H. : Je me suis ouvert la cheville. Mais rien de grave. Sinon, des bleus. Je suis une grande adepte de l’arnica, en gros dosage, tous les jours, pour que les bleus partent plus rapidement. Des hématomes, j’en ai eu beaucoup beaucoup beaucoup !

 

C. : Le téléfilm  Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi, réalisé par Yves Rénier, a été un tournage très important et très marquant pour vous.

B. H. : Il y a deux tournages qui m’ont particulièrement marquée dans ma carrière. Celui de Jacqueline Sauvage a été marquant dans le sens où je suis arrivée sur le plateau en connaissant son histoire. Quand on te tire ou qu’on te pousse dans les escaliers, tu vis ces choses physiques, mais tu sais que, pour toi, ça va durer juste cette journée-là, peut-être les deux ou trois jours suivants. Mais cette femme-là a vécu ça pendant 25 ans de sa vie. Tous les jours ! Une violence physique, une violence psychologique… Je suis sortie de ce tournage très émue. J’avais l’impression que ce personnage me collait à la peau. Parce que j’ai dégringolé les escaliers plusieurs fois, poussée par Olivier Marchal (qui me demandait toujours si j’allais bien). Cette violence physique t’amène là où tu dois aller. Je ne suis pas sortie de là de la même manière que lors des autres tournages. En discutant avec Muriel Robin, en ayant lu l’histoire de cette femme, je me suis rendue compte que la violence conjugale est bien plus présente dans la vie de tous les jours, partout dans le monde, et que souvent, on n’en sait strictement rien ! On sait que ça existe, mais très peu de gens en parlent, par honte. Mais quand on le vit physiquement – et moi je ne parle que de quelques heures sur un tournage – quand on te tire les cheveux sur plusieurs mètres, qu’on te frappe, qu’on te pousse et qu’on te crie dessus en même temps, à un moment donné, tu as l’impression que tout ton corps se crispe. J’avais beaucoup de travail à faire pour décrisper mon corps après chaque chute, je devais me dire « respire, c’est bon, ça va aller ». Heureusement, j’avais l’humour d’Olivier Marchal et d’Yves Rénier qui me remontaient le moral, qui me racontaient plein d’expériences de leurs carrières. Ça rapproche la cascade, avec les acteurs ! Tu travailles physiquement avec eux, donc des liens se créent. Des liens parfois très forts, parce qu’on passe beaucoup de temps avec eux. Certains liens sont fugaces, le temps d’un instant, mais tu as quand même vécu ça et c’est très chouette.

Ma deuxième grande expérience, c’était Inexorable. Fabrice Du Welz est très exigeant, mais il est très généreux en tant que personne, très humain. Il sait exactement ce qu’il veut et il va d’ailleurs t’emmener jusque-là. C’est quelqu’un qui te pousse à donner du 100% tout le temps. Du coup, tu as ce shoot d’adrénaline en plus qui fait que tu as envie de donner le meilleur de toi-même. Et puis, c’est un réalisateur incroyable. Moi, j’apprécie énormément Guillermo Del Toro et je trouve que Fabrice a cette même capacité à t’emmener dans son monde. C’est comme si tu étais dans une pièce, tu ouvres une porte, tu traverses et tu es dans son monde à lui, un mélange de magie et de noirceur, très brut, mais avec une certaine douceur en même temps. Travailler avec quelqu’un comme lui, c’est assez magique, ça te pousse à te dépasser. Et j’adore ça. D’habitude, sur un film, on fait une scène au début et une autre à la fin. Mais sur Inexorable, il y a eu 16 jours de tournage avec les acteurs et j’avais l’impression de faire partie de cette famille. C’est comme une famille : on entend les disputes, les réconciliations, les moments de peine, les moments où c’est dur, les moments de fatigue. Et puis on mange tous ensemble, on échange… ce sont des moments de partage où le côté humain est toujours au rendez-vous. C’est ça aussi la magie du cinéma.

 

C. : Quel est votre point de vue sur l’accident qui s’est produit il y a quelques mois sur le tournage de Rust, où la directrice de la photographie a été tuée d’un coup de fusil qui était supposé ne pas être chargé ? Est-ce que cet accident aurait pu et aurait dû être évité ?
B. H.
: Dû être évité, d’office. Mais ça aurait pu être évité également. Je n’étais pas là, mais d’après ce que j’en ai lu dans la presse, apparemment, il y avait eu une coupure déjeuner avant l’accident. Et quand on reprend le tournage, on vérifie son matériel ! Toujours ! Couper pour aller déjeuner, ça veut dire qu’à un moment ou à un autre, potentiellement, le matériel a pu être manipulé par curiosité par des personnes qui n’avaient rien à faire sur le tournage. Le matériel aurait dû être vérifié à nouveau avant la prise ! Ça c’est sûr !

 

C. : On entend beaucoup dire, depuis cette tragédie, que les armes à feu devraient être totalement interdites sur les tournages. Qu’en pensez-vous ?

B. H. : Je ne suis pas d’accord. On travaille avec des armuriers qui font un excellent travail. On travaille avec des équipes d’effets spéciaux qui sont douées aussi dans leur métier. En Belgique, justement, ils sont très rigoureux. Donc je pense que non. Il faut contrôler le matériel. On dit toujours « double check » ! Il faut être doublement prudent, mais de là à ne plus travailler avec des armes à feu, non ! Pourquoi ?

 

C. : « C’est bon d’être une extraterrestre au milieu des humains », peut-on lire sur votre page Facebook. Une formule qui vous résume bien ?

B. H. : Oui. Je pense que mon parcours de vie est assez atypique. J’ai fait beaucoup de choses : j’ai travaillé dans un ranch, j’ai travaillé à la Commission européenne de 2004 à 2007, j’ai été modèle - Miss Bruxelles 1999 et Miss Top Model Belgium Beauty en 2015 -, puis cascadeuse. Je suis aussi une backpackeuse (deux ans de tour du monde de 2007 à 2009). Je ne sais pas ce que la vie me réserve, mais je sais que c’est rempli de surprises. Je ne suis pas quelqu’un qui se définit en quelques mots et je ne pense pas non plus qu’un métier nous définit. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, c’est fait de challenges, de chutes, puis on se relève, on change d’orientation, on se découvre, on se perd pour encore mieux se redécouvrir. Le cinéma, c’est une grande famille où on rencontre beaucoup de gens extraordinaires, avec des parcours souvent atypiques, d’horizons complètement différents. Souvent, on retrouve les mêmes gens sur les tournages, ce qui crée des liens. C’est un métier que je trouve vraiment incroyable, notamment quand on travaille avec des acteurs plus jeunes, des enfants de 14/15 ans, et qu’on doit les mettre en confiance. Parfois, il faut les coacher psychologiquement, quand certains ont peur du vide, qu’ils doivent passer sur une poutre à trois mètres du sol, puis tomber dans des caisses. Mais c’est génial parce que quand tu arrives à leur faire traverser ça et qu’après, ils ont un grand sourire, tu te dis : « Wow. C’est beau. C’est beau de les voir se donner un maximum, de les voir sortir de leur peau, de leur donner des étoiles dans les yeux ! »


Remerciements au Cinéma L’Aventure, Bruxelles.

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