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Barrières de Alain de Halleux

Publié le 01/11/2002 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

 

Barrières

Le flux d'images télévisuelles apporte quasi quotidiennement son lot d'images sur le conflit du Proche Orient, sur la violence qui s'y déchaîne au risque d'anesthésier le spectateur. D'où l'importance des photographies de Bruno Stevens sur la seconde Intifada. La photographie donc qui par son économie de moyens, son point de vue, son rôle iconique rend essentiel la réalité et est, sans doute plus efficace, que maints reportages effectués à la sauvette par la télé, c'est-à-dire sans arrêt sur image, sans laisser au temps de la réflexion de s'installer.

 

Barrières. Jamais film n'a mieux mérité son nom : Barrières entre Israëliens et Palestiniens, entre Occident et Orient. La mise en scène de Alain de Halleux (le réalisateur de Pleure pas Germaine) traduit cette frontière/barrière entre le regard du spectateur et le sujet photographique par des cadrages insérant la réalité de la ville dans la salle d'exposition des photographies sur la seconde Intifada de Bruno Stevens (les vitres servant de miroir, nous avons la ville en avant-plan et en arrière-plan les photos exposées et les spectateurs), par des plans fixes qui souligne la couleur des visages et le noir et blanc des photos, par des effets de zoom avant speedés, des panoramiques filés, etc.

 

Loin d'être un jeu formel, ces différentes figures mettent le spectateur face à face avec le sujet montré : des images fortes, insoutenables des souffrances endurées par le peuple palestinien tout en mettant à nu notre statut de spectateur impuissant devant de telles horreurs. Le travail d'Alain de Halleux consistant à nous obliger à saisir une réalité qui se dérobe et de nous la jeter à l'esprit comme une série de flashes pour qu'il pénètre notre conscience et y laisse des traces. Pas un mot de commentaire. Un regard pour garder les yeux ouverts sur le monde. Une image ne change pas le monde, certes, mais peu nous y rendre plus attentif.

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