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Basile Vuillemin, cinéaste

Publié le 24/06/2024 par Malko Douglas Tolley, Cyril Desmet et Vinnie Ky-Maka / Catégorie: Entrevue

Basile Vuillemin, réalisateur franco-suisse établi à Bruxelles depuis 2010, a cultivé un lien privilégié avec le cinéma dès son enfance, ayant grandi au sein d'une famille de cinéphiles et de comédiens. Lauréat du Magritte du meilleur court métrage en 2024 pour son œuvre Les Silencieux (2023), il a été rencontré par Cinergie lors du BSFF à Flagey, où il officiait en tant que membre du jury international, aux côtés de Mara Taquin, Younès Boucif, Erika Sainte et Florian Berutti. Basile s'apprête à nous partager son amour du cinéma ainsi que des détails sur son prochain projet de long métrage.

Cinergie : Qu'est-ce qui vous a conduit à choisir la Belgique comme lieu de résidence ?

Basile Vuillemin : En 2010, j'ai entamé mes études à l'IAD. Je ressentais le besoin de quitter la Suisse pour élargir mes horizons. À l'époque, j'avais le sentiment que le développement du cinéma en Suisse ne me permettrait pas de m'épanouir pleinement. Paris ne m'attirait pas, et la Belgique offrait une alternative intéressante en termes de richesse culturelle, compte tenu de mes moyens économiques.

 

C. : Quel était votre travail de fin d'études et comment avez-vous fait vos premiers pas dans le cinéma ?

B. V. : Mon travail de fin d'études était un film intitulé Du bout des doigts (2015), avec Fabrice Rodriguez et Anne Coesens dans les rôles principaux. C'était un drame poignant qui explore la vie d'une famille confrontée à un traumatisme à la suite de la noyade de leur plus jeune enfant. Le père refuse d'accepter la réalité et reste convaincu qu'il existe un moyen de ramener son fils à la vie.

 

C. : Rétrospectivement, n'y a-t-il pas, dans votre cinéma, une volonté d'aborder des thématiques assez dures ?

B. V. : Il est parfois difficile d'analyser son propre travail, mais je constate en effet l'émergence de certaines thématiques récurrentes. J'ai réalisé du drame et de la comédie, mais dans les deux cas, je dois reconnaître que la question de la mort est très présente. Sans forcément que ce soit volontaire, je pense avoir un souci avec la mort. D’une manière, ce n’est pas anodin que je la traite. C’est une manière d’expier un peu la chose et effectuer un travail personnel là-dessus. Je pense qu’il y a toujours un dilemme moral et une nécessité pour les personnages de faire un choix à un moment crucial dans mes œuvres.

 

C. : Êtes-vous un cinéphile passionné ? Quels genres de films ou documentaires trouvez-vous les plus captivants ? Et comment est née votre passion pour le cinéma ?
B. V. : Je ne me considérerais pas comme un cinéphile pur souche, en comparaison avec certains de mes amis qui ont une culture et une capacité à discuter des films. Je consomme beaucoup de cinéma. D'ailleurs, le terme "consommer" est assez amusant. En tout cas, j'apprécie vraiment le cinéma. Je le vois comme une sorte d'aboutissement de tous les arts qui se réunissent pour créer un film. Je suis fils de parents comédiens et j’ai joué dans des pièces de théâtre en plus d’accumuler quelques expériences au cinéma assez jeune. Jusqu’à mes 16 ans, il me semblait évident que j’allais me lancer dans une carrière d’acteur. À la fin de mes études en Suisse, je me suis lancé dans un travail de réalisation d’un petit court métrage. Je voulais faire tous les postes comme la réalisation et l’écriture afin de découvrir les autres corps de métiers du cinéma. Je me suis trouvé tellement plus à ma place de l'autre côté de la caméra que j’ai fait un choix radical. J’ai quitté le conservatoire de théâtre et je me suis dit que je devrais peut-être faire une école de cinéma.

 

C. : Pouvez-vous nous décrire vos différentes activités et comment vous parvenez à les concilier, notamment en naviguant entre la réalisation de films de fiction et la création de publicités ? Comment gérez-vous votre emploi du temps pour équilibrer ces deux types de projets ?

B. V. : Je me sens vraiment à l'aise sur un plateau de cinéma dès lors que le scénario est bien établi et que je peux commencer à collaborer avec une équipe. Pour moi, l'écriture est essentielle, mais aussi la partie la plus complexe de la réalisation d'un film. En fait, je n'ai jamais écrit un projet seul et j'ai besoin de m'entourer pour cette phase du travail. Dès que je suis sur un plateau, je ressens une certaine liberté grâce à la collaboration avec de nombreuses personnes. Il y a la direction des acteurs et les images prennent forme. La phase de production est celle que j'apprécie le plus. Si je devais me limiter à la fiction, ce serait très frustrant. Je ne me verrais pas réaliser mon premier long métrage avec seulement 10 jours de tournage à mon actif. Ce serait comme soulever 200 kg dès la première séance à la salle de sport. J'ai donc trouvé un moyen de réaliser autant que possible, c'est pourquoi je fais également de la publicité. Cela représente vraiment un terrain de jeu et d'expérimentation pour moi. En publicité, on dispose souvent de plus de ressources et on doit être très attentif aux détails et aux subtilités. Les histoires sont très courtes et le souci du détail est primordial. C'est ainsi que je perfectionne mes compétences. Je commence à comprendre le langage des focales. C'est également un travail constant avec les acteurs, à qui l'on demande parfois des choses très précises, même avec un temps limité. Je m'éclate vraiment en faisant ça. J'ai la chance de n'avoir jamais eu de problèmes majeurs avec des projets publicitaires. C'est génial, car je choisis une équipe avec laquelle je suis à l'aise de travailler, et il m'est arrivé plusieurs fois de retrouver sur un plateau publicitaire des membres de mon équipe de fiction. Cela crée des liens et un langage commun, de sorte que lorsque nous passons à la fiction, nous avons déjà travaillé ensemble sur tellement de choses que cela devient plus spontané. Je travaille en tant que réalisateur indépendant.

 

C. : Pouvez-vous nous fournir des informations supplémentaires sur votre deuxième projet de fiction, intitulé Le Crayon, qui a connu un succès remarquable lors de festivals ?

B. V. : Après avoir terminé mes études, j'ai présenté mon drame sombre dans plusieurs festivals. Cependant, l'expérience a été plutôt lourde, car le film suscitait une atmosphère pesante dans la salle. En réaction à cela, j'ai ressenti le besoin de m'orienter vers la comédie. J'ai passé ensuite plusieurs années à participer à des kinos et des kinos cabaret, des événements où l'on crée un film en 48 heures. Cela m’a offert une immense liberté et un terrain d'apprentissage. C'était une sorte de transition après l'école, où je sortais un peu de ma zone de confort pour me confronter à une réalité différente. Cela m'a permis de passer de petites réalisations à quelque chose de plus ambitieux. Parmi ces projets, il y a un eu un très court métrage intitulé Le Crayon (2017).

Le Crayon a été un pivot pour moi, il m'a ouvert des portes dans le domaine de la publicité. C'est un film de 30 secondes, avec un seul plan, mais qui se révèle très efficace. L'année suivante, j'ai réalisé Dispersion (2018), un film qui aborde également le thème de la mort puisqu'il se déroule dans l'univers des pompes funèbres. C'est une comédie un peu grinçante qui m'a également permis de voyager à travers de nombreux festivals.

 

C. : Pouvez-vous nous parler du contenu de votre film Dispersion et nous expliquer comment il a été réalisé ?

B. V. : Dispersion est l'un des films que j'ai réalisés dans le cadre des kinos, avec une équipe extrêmement réduite, au cabaret de Genève. Nous avions seulement deux comédiens, un chef opérateur, un assistant caméra, et nous avons tourné pendant une nuit, de 18h00 à 06h00 du matin. L'histoire se déroule dans une entreprise de pompes funèbres entièrement automatisée, où un homme doit organiser l'enterrement de sa mère. Il se retrouve confronté à des choix difficiles concernant l'incinération, avec des plateformes et des distributeurs automatisés pour disperser les cendres. Le film met en lumière une société déshumanisée, où l'aspect humain est complètement absent des funérailles. Il s'agit d'un film très court, d'une durée de 8 minutes environ.

Le succès de ce film m'a vraiment surpris. Les kinos sont souvent des exercices éphémères et les films qui en résultent ne sont pas destinés à une large diffusion. Cependant, cette expérience m'a permis de perfectionner mes compétences. Par chance, Dispersion a connu un succès inattendu, avec des achats télévisés qui lui ont offert une visibilité imprévue. Ensuite, au niveau international, notre film a été sélectionné dans plus d'une cinquantaine de festivals, et il a également été diffusé sur Canal Plus et à la RTBF. Cela nous a offert une belle visibilité. Ce succès m'a donné une certaine légitimité pour approcher des producteurs et réaliser mon premier court produit qui est Les Silencieux (2023).

 

C. : Qui a remporté le Magritte du meilleur court cette année. Pourriez-vous nous donner le pitch et nous expliquer comment le projet s'est mis en place ?

B. V. : Contrairement aux kinos que j'avais faits en 48 heures, ce projet m'a demandé beaucoup plus de temps. Nous avons commencé à travailler dessus alors que Dispersion touchait à sa fin. L'écriture a pris près de trois ans, en collaboration avec Blandine Jet, suivie d'une année et demie pour la production. Le film a été achevé en 2022, ce qui représente près de quatre ans et demi de travail. On se retrouve donc maintenant presque six ans après le démarrage du projet Les Silencieux. Cela marque un changement de registre radical par rapport à mes comédies précédentes. L'histoire se déroule sur un bateau de pêche en pleine mer, où l'équipage est confronté à un dilemme : ils ne trouvent plus de poisson, seulement du plastique. Ils doivent décider s'ils vont risquer de sortir de la zone de pêche autorisée pour braconner en zone interdite.

 

C. : Comment s'est formée l'équipe des Silencieux ? A-t-elle été constituée de la même manière que celle avec laquelle vous avez collaboré sur les publicités ?

B.V. : Sur Les Silencieux, j'ai travaillé avec des collaborateurs de longue date, notamment Olivier Boonjing, mon chef opérateur, avec qui j'ai un lien très fort. Je l'ai rencontré sur le plateau de La Trêve et nos échanges m'ont encouragé à me lancer dans des projets même avec peu de budget. Il m'a dit que la pratique était essentielle, que même les plus petites idées pouvaient avoir un grand impact. Son soutien a été crucial pour moi. Ce conseil a été déterminant. Nous sommes restés en contact et Olivier a fini par s'occuper de l'étalonnage de tous mes projets. De mon film Le Crayon à Dispersion, tout est passé par sa moulinette.  Quand est venu le moment de travailler sur Les Silencieux, il était évident pour nous que nous devions travailler ensemble. Mon autre alter ego, c’est Emily-Jane Torrens, ma scripte. Elle était également un pilier sur le plateau, toujours là pour m'aider à surmonter mes doutes et à trouver les solutions nécessaires.

 

C. : Comment avez-vous géré la complexité du tournage sur le bateau ?

B.V. : Effectivement, cela a été un défi de taille. Nous avons tourné le film dans le sud de la Bretagne, dans le Finistère, avec pour port d'attache Loctudy, juste à côté du Guilvinec. Trouver le bateau a été une tâche particulièrement ardue. Après avoir rencontré quelques réticences, nous avons finalement réussi à obtenir un bateau de pêche dédié au tournage, que nous avons eu à notre disposition pendant 8 jours. Pendant cette période, le bateau était à l'arrêt pour nous, et nous avons tourné en mer, principalement autour des îles Glénan, pour ceux qui connaissent un peu la Bretagne. Ces îles sont à environ 1h00 à 1h30 de la terre. Généralement, nous partions en mer pendant environ 4 heures, en faisant des cercles avec le bateau. Nous rentrions pour déjeuner vers midi, puis repartions l'après-midi. Nous avons fait 4 jours de tournage, suivi d'une journée de pause, puis encore 4 jours, dont 4 nuits qui ont été particulièrement éprouvantes. Sur ces 8 jours de tournage, quelques scènes ont été tournées à quai, mais les 3/4 du film ont été tournés en haute mer.

 

C. : Ce n’est pas trop compliqué de réaliser un film entier en haute mer ?

B.V. : Le tournage a été clairement le défi le plus difficile. Même si j'ai maintenant un peu d'expérience sur des plateaux, rien ne se compare au tournage en mer. C'est un environnement hostile où l'oppression est constante, et la concentration est difficile à maintenir, car il n'y a pas d'espace. C'est pourquoi on dit que gérer un bateau est très compliqué. Sur un plateau normal, c'est très agréable, car entre quelques plans, on peut passer à la table régie, prendre un peu d'air. Mais sur un bateau en mer, c'est impossible. C'est comme être dans une boîte de Pétri, bruyante et malodorante, avec une pression constante. C'était clairement le défi le plus difficile. En postproduction, en revanche, c'était différent.

 

C. : Est-ce que l'ambiance et l'expérience vécue sur le bateau ont finalement influencé le ton du film ? 

B. V. : J'avais fait beaucoup de travail de documentation avant et pendant l'écriture, et nous sommes même allés sur un vrai bateau pour être en contact direct avec l'environnement. J'avais un peu anticipé les effets de cet environnement sur le film. Cependant, je pense que l'impact le plus important était sur les acteurs, sur la manière dont le navire les influençait et les poussait vers leur jeu. J'en avais beaucoup discuté avec le principal acteur, Arieh Worthalter, qui m'a confié que l'environnement était un moteur pour son interprétation. En postproduction, au montage, notre objectif était de recréer l'ambiance intense que nous avions vécue pendant le tournage. Au départ, en regardant les rushs, nous avons trouvé que l'intensité n'était pas aussi forte que dans notre expérience réelle. C'est lors du montage sonore que nous avons pu la renforcer. Nous avons donné vie à l'environnement, créant une atmosphère dense et immersive. Grâce au son, nous avons réussi à rendre l'ensemble plus gras, huileux et c’est vraiment ce que je voulais.

 

C. : Comment avez-vous travaillé sur l'ambiance sonore pour immerger le spectateur en haute mer ?

B.V. : J'ai travaillé avec un duo incroyable, Roland Vauclair pour le montage son et Fred de Molder pour le mixage. Leur passion et leur dévouement ont été impressionnants, ils ont vraiment mis tout leur cœur dans ce projet. Ils ont apporté tellement de valeur ajoutée à mes idées, les sublimant complètement. J'ai beaucoup appris pendant ce processus de montage sonore, notamment sur les possibilités infinies qu'offre le son pour enrichir une œuvre. Pour moi, le son est vraiment essentiel, c'est comme si, en ajoutant le montage son, on passait d'un tableau en noir et blanc à une explosion de couleurs. J’ai également une oreille très fine et ça m’amuse beaucoup. Ce qui n’est pas le cas de l’étalonnage où je suis probablement le moins érudit.

 

C. : Comment avez-vous persuadé Arieh Worthalter de participer à votre premier véritable court-métrage professionnel ?

B.V. : En fait, j'avais Arieh Worthalter en tête depuis l'écriture du film. C'était un peu comme lancer une bouteille à la mer, car je me demandais s'il travaillait encore sur des courts métrages, étant donné qu'il était de plus en plus impliqué dans des longs métrages. J'ai eu  la chance que nos agendas coïncident, à la fois pour le tournage où il a pu se libérer pour nous, et ensuite pour la promotion. C'était amusant de constater que son projet, Le Procès Goldman (2023), a été lancé à un moment où nos trajectoires étaient parfaitement alignées. C'était vraiment superbe de voir cette synchronicité. Je suis fasciné par Arieh, il y a quelque chose en lui qui me captive. Son regard dégage une puissance impressionnante. Ce qui est remarquable, c'est sa capacité à exprimer tant d'émotions avec une grande économie de moyens. Il n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour nous bouleverser avec sa performance. Une anecdote intéressante : juste après le tournage, Arieh est parti en bateau et a navigué jusqu'en Islande sur un voilier. Cela fait partie de ses passions. Quand il n'est pas en tournage, il disparaît littéralement. Il part faire des safaris à vélo, traverse des endroits à pied. Il a vraiment ce rapport solitaire avec la nature, ce que je trouve fascinant.

 

C. : Quelle fut la réception du film depuis son lancement jusqu’à l'obtention du Magritte du meilleur court métrage ?

B. V. : On a organisé la première du film en parallèle avec le festival de Namur et celui de Vancouver, au Canada. C'était une soirée particulière, car le film était le résultat de quatre ans et demi de travail acharné, et j'avais quelques appréhensions quant à sa réception. Cependant, le début a été très encourageant, car nous avons remporté trois prix officiels dès notre premier festival. C'était un signe positif et rassurant, avec de nombreux retours positifs sur la façon dont le film touchait les spectateurs et prenait sens.
Une autre séance qui a été très marquante pour moi a eu lieu à Pont-l'Abbé, dans les terres où se déroule l'histoire du film. Nous avons projeté le film dans un petit cinéma où la plus grande salle était remplie de 150 marins-pêcheurs, des gens du métier. C'était incroyable de voir un public si proche du sujet du film. Ils m’ont félicité à la fin, c’était très touchant. Donc, c'était très encourageant et nous sommes arrivés à la fin de l'année dernière avec une double surprise : la sélection et la nomination aux Césars, ainsi que la sélection et la nomination aux Magritte. Cela a finalement abouti à l'obtention du Magritte, ce qui a été un parcours incroyable où nous ne pouvions pas espérer mieux. Pour moi, cela a également marqué la clôture de cette aventure de six ans.

 

C. : Quid du futur ? Un long métrage en prévision ?

B.V. : Au fil du temps, de nouvelles aspirations ont émergé. Au début de la vie des Silencieux, je me suis rendu compte que je n'avais pas encore exploré toutes les facettes de ce sujet. J'avais encore un appétit pour traiter cette thématique et j'ai perçu un potentiel pour développer une histoire plus longue. Ainsi, j'ai entrepris d'écrire l'adaptation des Silencieux en long métrage, un projet sur lequel je travaille depuis un an maintenant. Parallèlement à cela, j'ai également un autre court métrage en cours, dont le scénario a été écrit par ma collaboratrice, Blandine Jet, avec qui j'ai écrit les Silencieux. En lisant son scénario il y a quelques années, j'ai été touché par son histoire et j'ai exprimé le désir de le réaliser. Ce que j'apprécie vraiment, c'est de réaliser des projets, même ceux que je n'ai pas écrits. J'aimerais par exemple avoir l'opportunité de diriger un épisode d'une série ou de collaborer avec des auteurs pour réaliser divers projets et être aussi souvent que possible sur des plateaux de tournage.

 

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