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Carole Weyers, actrice belge

Publié le 03/11/2020 par Kevin Giraud et Oscar Medina / Catégorie: Entrevue

Comédienne de théâtre, de cinéma, de série, c’est dans le Brabant Wallon que nous avons rencontré Carole Weyers, actrice belge née à Anderlecht en 1984 et dont la carrière chevauche aujourd’hui trois continents. Le temps de son passage au Waterloo Historical Film Festival, elle revient avec nous sur ses formations, ses expériences, et ses projets passés et à venir.

Cinergie : Pouvez-vous nous résumer votre parcours en quelques mots ?
Carole Weyers : J’ai fait mes études à Louvain-la-Neuve à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion), avant de poursuivre ma formation à Londres à la LAMDA (London Academy of Music and Dramatic Art). Je suis restée à Londres pendant quatre ans, puis je suis partie construire ma carrière à Los Angeles, où je vis depuis 10 ans. Depuis, je voyage beaucoup entre les Etats-Unis et la Belgique, pour la famille, le travail, et le reste.

 

C. : Avez-vous senti un changement entre les styles de formation de comédienne, entre vos expériences en Belgique et en Angleterre ? 
C. W. : Ma formation à Londres était très différente, bien plus axée sur le classique. On a travaillé beaucoup de Shakespeare, ce que je ne me souviens pas avoir fait à l’IAD. Au-delà de ces choix de textes, la plus grosse différence que j’ai constatée entre mon travail en français et en anglais dans mes études, c’est la façon de jouer. Appréhender un texte dans sa langue maternelle n’a rien à voir avec la façon dont on l’appréhende dans une autre langue, cela crée une liberté. Je pense avoir beaucoup plus de facilité à jouer du Shakespeare en anglais que du Shakespeare en français ! Il y a une liberté de jeu, un abandon de ce qu’on pense être « la bonne chose » en anglais. 

 

C. : Et puis ensuite de Londres à Los Angeles ! Quels sont les défis à relever lorsqu'on est comédienne dans trois pays différents ? 
C.W. : En arrivant aux États-Unis, j’ai continué mes formations. Autant à Los Angeles qu’à New York, il y a une volonté de toujours se former, de se perfectionner en permanence. Durant mon passage au Howard Fine Studio, et à travers des textes de théâtre contemporains avec lesquels nous démarrions notre réflexion, j’ai beaucoup appris sur la finesse du jeu. Dans ce studio, on part de l’idée qu’il n’y a pas de fautes de « professionnel », il n’y a que des fautes de débutant. C’est donc les bases qu’on va retravailler le plus, et c’est ça que j’ai apprécié et appris. C’est une approche différente de l’approche belge ou londonienne, avec des formations plus classiques, alors qu’à Los Angeles je suis entrée dans un théâtre plus moderne, plus contemporain, ce qui change aussi la façon de travailler. 

 

Carole Weyers © Oscar Medina/Cinergie

 

C. : De retour en Europe, en France plus précisément, vous décrochez le rôle principal de la série Double Je, où vous incarnez Déa Versini, une flic dynamique accompagnée d'un partenaire imaginaire. Comment avez-vous appréhendé ce rôle ?
C.W. : Elle me manque beaucoup ! Ça a été très facile en fait, le choix s’est fait trois semaines avant le début du tournage, donc je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, j’ai foncé dans le travail. À ce moment-là, j’avais quatre scénarios devant moi, dans lesquels je me suis plongée comme une détective. Avec toute cette matière, j’ai essayé de construire mon personnage petit à petit, et puis j’y ai ajouté ma patte. Je pars beaucoup de moi, je pense que c’est la meilleure chose que l’on puisse faire quand on aborde un rôle. Quels sont mes points communs avec ce personnage que je m’apprête à interpréter ? Ensuite, on joue avec les curseurs, on pousse à fond certains aspects de notre personnalité pour les faire ressortir dans le personnage, pour lui donner vie. 

 

C. : Justement, dans les rôles que vous sélectionnez, ou que vous recherchez, y-a-t-il des choses qui vous attirent particulièrement dans les personnages que vous choisissez d'incarner ?
C.W. : C’est toujours l’humain que je cherche en premier lieu. Il y a des rôles pour lesquels c’est plus difficile, certains rôles qui ne se dévoilent pas beaucoup, et donc tout est dans la subtilité de montrer l’humain à travers des actions qui ne montrent a priori pas grand-chose. Trouver les fragilités des personnages et ce qui les rend faillibles, c’est ça qui m’intéresse le plus. 

 

C. : Y-a-t-il un texte ou un rôle qui vous a marqué plus qu’un autre dans votre carrière ?
C.W. : Une question difficile, il y en a tellement ! Le personnage de Déa m’a vraiment beaucoup plu, c’était un rôle vraiment plein de facettes, et elle était très faillible justement. Déa est pleine de défauts, et c’est ça qui la rend attractive selon moi. Après, j’ai fait une pièce de théâtre aux États-Unis, une mise en abyme où je jouais Carole qui jouait Carole qui jouait Carole, une expérience extraordinaire. Un vrai humain qui se retrouve sur scène, dénudé et seul avec ses émotions. Un texte qu’un ami avait écrit pour moi, d’autant plus touchant et une vraie expérience. La pièce s’appelle My girlfriend is an alien by Keith DeFacto, de Neil McGowan.

 

C. : Avez-vous envie d' écrire pour le cinéma, ou de passer derrière la caméra, derrière le rideau du théâtre ? 
C.W. : Écrire, c’est déjà fait ! J’écris beaucoup, notamment une série en cours de création avec une amie. Dans ce scénario, je puise pas mal dans ma vie personnelle, et dans ces allers-retours entre la Belgique et les États-Unis, ça explore tout ça. Et la réalisation, bien sûr cela me tente ! Mais il faut que j’en apprenne beaucoup, je ne peux pas endosser cette casquette uniquement avec mon expérience d’actrice. Se lancer dans la réalisation, ça implique un apprentissage, et que je m’entoure des meilleurs, à l’heure actuelle je ne suis encore que spectatrice. Si je me plonge dedans, il faudra que j’y aille à fond pour que ça fonctionne. 

 

C. : Nous nous rencontrons dans le cadre du WaHFF (Waterloo Historical Film Festival), dont vous faites partie du jury. Est ce que la représentation de l'Histoire au cinéma vous inspire ?
C.W. : Oui, je pense que c’est quelque chose de très intéressant et de très important, mais c’est un cinéma qui doit être très rigoureux. Il faut réussir à être fidèle aux événements, et en même temps c’est une jolie plateforme. On en apprend plus, on découvre des aspects parfois ignorés de notre Histoire, et c’est toujours génial de voir le travail sur les costumes, sur le jeu. Ces interprétations de personnages connus ou inconnus qui ont existé, c’est un peu les remplir de vie à nouveau. 

 

C. : Pour terminer, quels sont vos projets à venir, et vos envies ?
C.W. : Plein de projets en cours, mais c’est encore confidentiel ! Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a une série qui va arriver. Une coproduction entre le Japon, l’Allemagne, l’Angleterre et la Belgique et qui aura pour sujet le football, et tout ce qui se trame à l’envers du décor, les transactions, etc. Elle s’appelle The Window (produite entre-autre par Velvet Films). Et beaucoup d’autres choses vont arriver, mais ça, je vous tiendrai au courant ! 

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