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Casser les codes de Safia Kessas

Publié le 06/12/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Autrice, réalisatrice et journaliste, Safia Kessas n’en est plus à son coup d’essai. Dans Casser les codes, la créatrice des Grenades part à la rencontre de neuf femmes travaillant dans le domaine des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, représentantes des maigres 14% de travailleuses du secteur en Belgique. Pourquoi ce déséquilibre ? Ensemble, ces témoins et la cinéaste construisent le panorama édifiant de carrières truffées d’obstacles, mais aussi de défis relevés par des héroïnes atypiques, devenues aujourd’hui des role models inspirantes.

Casser les codes de Safia Kessas

Elles sont Nadia, Rima, Hélène, Barbara, Nathalie, Laure, Aurélie, Leila, Myriam. Neuf femmes qui portent aujourd’hui fièrement leur titre de Data Scientist, CEO et Cloud Specialist. Et ce, avec un sourire et une fierté toute méritée. Car au-delà de ces énergies communicatives se cachent des parcours de combattantes, au cœur d’un monde où machisme et paternalisme côtoient sexismes et paroles lourdes de conséquences.

Il y a de l’intime dans les confessions et dans les discours que tiennent ces protagonistes, qui dévoilent sans retenue et sans langue de bois les obstacles qu’elles ont dû surmonter. Des histoires d'échecs, des moments de doute, et de réussites partagés avec honnêteté. Pour ne pas mentir sur les embûches qu’elles ont rencontrées, tout en étant moteurs de changement vers un avenir meilleur. Pour celles qui leur succéderont et qu’elles tentent d’inspirer chaque jour, à l’image de Laure, fondatrice du premier centre de formation en non-mixité dédié à l’informatique. L’on y retrouve Nadia, venue présenter son parcours à ces femmes qui aspirent à faire le monde de demain. Entre les couches culottes et les trajets crèche, Nadia construit le futur des réseaux chez Microsoft. Barbara, elle, finance désormais sa propre maison grâce à son expertise. Aurélie, enfin, ou Rita, ont su s’imposer dans des grandes entreprises de la tech, que Leila accompagne au quotidien vers plus de diversité.

Chacune de ces protagonistes a une histoire inspirante, mais chacune témoigne sans tabous des attaques conscientes ou inconscientes qu’elle a dû endurer pour se hisser au-delà des plafonds de verre de cet univers masculinisé. Un constat que dresse non sans ironie l’auteure Nathalie Granjean, nous rappelant que ces professions étaient, il n’y a pas si longtemps, préconisées comme “féminines” et majoritairement occupées par des femmes. Où sont donc passées les héritières de ces programmatrices, scientifiques et mathématiciennes du milieu du 20ème siècle qui ont posé les bases des technologies d’aujourd’hui? Quand elles n’ont pas été découragées par des formateurs bornés ou des collègues lourdingues héritiers de la bro culture, c’est le sexisme bienveillant qu’on leur a fait subir qui les a confortés dans l’idée qu’elles n’étaient pas à leur place. Navrant, car comme l’assène Barbara, “l’informatique se fout de votre genre, de votre couleur de peau ou de vos origines”.

Alors, plutôt que de rester les bras croisés à s’entendre proposer d’autres choix de carrières, ces guerrières ont dégainé leurs claviers, et cassent désormais les codes d’hier pour proposer un nouveau demain. Et par ce film, Safia Kessas nous emmène dans leur quotidien, baigné de résilience.

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