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Comme l'eau d'Alice Moons

Publié le 15/10/2021 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Après Immersion, son premier film documentaire, Alice Moons a présenté au Brussels Short Film Festival Comme L’eau, une fiction aux ramifications multiples, traitant de la question de l’eau et son utilisation dans les villes. Le film raconte le parcours d’Iris, une jeune architecte qui propose un projet consistant à permettre à l’eau de suivre son cycle naturel. Ni écoutée, ni prise au sérieux malgré des inondations violentes qui submergent la ville, d’étranges phénomènes vont alors éclater et bouleverser sa perception du monde. Comment penser la ville autrement pour reconnecter l’eau en harmonie avec les habitants ?  

Comme l'eau d'Alice Moons

Le film s’ouvre dans les traces de son précédent film, Immersion. Nous sommes littéralement immergés sous l’eau, voyageant dans l’eau trouble accompagné d’une nappe sonore expérimentale de synthétiseurs vintages. Cette ouverture nous invite à pénétrer dans un monde allégorique et fantastique. Très vite, la réalisatrice nous plonge dans un autre univers, celui des Hommes, des bureaux, de l’aliénation. La réalisatrice Alice Moons construit d’emblée son film sur une série d’oppositions et explore toutes les ambiguïtés de l’eau, à la fois destructrice et vitale, naturelle et domptée, symbole de création et de destruction. Mais aussi miroir de la société. En effet, comme l’eau, la jeune architecte est confrontée à un monde qui la domine, à un environnement professionnel imperméable qui la rejette, hermétique à son devenir, à ses projets et préoccupations. Elle est comme reléguée en hors champ, comme la question de l’eau.  

 

Le film s’arme peu à peu d’une dimension fantastique et égrène habilement le mystère autour d’une silhouette qui apparaît, disparaît, hante l’image et obsède la protagoniste. C’est alors qu’Iris découvre, au détour des séquences, sa vraie appartenance à un autre monde, celui qui vit sous nos pieds dans les villes, le cycle de l’eau. On assiste à la transformation d’une femme, qui dépasse les injonctions, menaces, oppressions, pour devenir ce qu’elle désire vraiment être.

 

Finalement, le film d’Alice Moons aborde frontalement la question urgente de l’eau dans les villes à l’ère d’une modernité qui ne cesse de croître et dont les préoccupations et mesures à l’égard du climat sont inexistantes. Plutôt que de dresser un constat, la réalisatrice propose une réflexion sur notre façon d’interagir avec notre propre ville, avec ce qui se trouve sous nos pieds, et repenser, peut-être de manière fantastique et personnelle, un cycle naturel de l’eau en zone urbaine.

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