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Entrevue avec Luc Billion - DVDfolies

Publié le 01/06/2002 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Il y a des mecs qui en plus d'avoir de l'imagination ont des idées. C'est le cas de Luc Billion qui vous propose la cartevision. Kekseksa ? Un outil de communication. Mais encore ? Une carte postale sur support DVD. Qui vous permet de communiquer par l'image et le son en autant de langues que vous le souhaitez. Au lieu de la carte postale représentant un bouquet de fleurs que vous envoyez à votre girlfriend de Chicago, vous lui faites parvenir via la poste un petit film de quatre ou cinq minutes qu'elle pourra découvrir en insérant le cd dans son lecteur de Dvd. Vous voulez rire ? Est-ce que notre barbe frémit ? Point du tout. Ne vous étonnez pas si vos cartes de voeux traditionnelles de début d'année changent d'aspect en 2003.

Le premier film qu'a découvert Luc Billion étant enfant, et dont il garde un souvenir précis, est Le Livre de la Jungle de Walt Disney, qu'il vit en famille dans une ambiance festive qui fut pour beaucoup dans son amour du cinéma. Une petite fête où la famille se retrouvait - cousins, cousines - pour aller voir le Disney annuel."J'ai toujours eu une adoration pour les salles de cinéma parce que je trouve que c'est un endroit magique où pendant deux heures on est autre part, tu appuies sur la touche "delete" de tous tes problèmes et pendant deux heures tu rêves."

 

Adolescent, il est marqué, comme toute une génération, par les trois épisodes de La Guerre des Étoiles de Lucas et Jaws de Spielberg. Poussé vers les sciences politiques ou le droit par sa famille qui pense que ces branches offrent un métier porteur, il s'oriente, dans un premier temps, vers l'Institut Supérieur des Sciences Sociales de l'État, rue de l'Abbaye à Bruxelles. De temps à autre, il s'offre des après-midis toiles : « J'entrais dans un complexe quelconque et j'allais à l'impulsion voir trois ou quatre films l'après-midi et la soirée et je faisais l'éponge. » Toujours à l'instigation de son père, il entre dans le secteur bancaire, s'intéresse à l'aspect financier d'une entreprise et, par souci de cohérence, complète ses études à la FUCAM en décrochant une Licence en sciences économiques appliquées. Il y découvre la création d'entreprise et entreprend d'écrire un mémoire sur le sujet (démarches juridiques et financières, marketing).

 

En 1995, l'occasion de produire un film sur le problème de la drogue qui décime pas mal de jeunes à Charleroi, sa ville natale, se présente à lui. À l'origine, il s'agit d'une carte blanche donnée à un réalisateur pour traiter le sujet. Il contacte Thierry Dory qui trouve le projet intéressant. L'idée était de faire de la prévention toxicomanie avec une fiction qui emballe le thème dans un récit et un langage accessibles aux adolescents plutôt que dans l'habituelle langue de bois qui les fait ricaner. Accepté par la commission de sélection de la Communauté française, No problemo se tourne et fait l'ouverture du Festival du film social de Charleroi. Lequel arrête de provisoirement de se tenir à la suite de la dissolution de l'asbl qui l'anime.

 

Yves Poncelet, le délégué général, du festival, fait appel à Luc Billion pour faire revivre un festival qui ne dépendrait pas seulement de l'aide publique. Ils créent une société de distribution, lancent deux films et filent au Festival de Cannes pour y rencontrer les professionnels. Ils y découvrent que le cinéma est en train de vivre la révolution du numérique, de sa future distribution via internet. L'alternative est à leurs yeux la suivante : laisser les Majors s'installer tranquillement en Europe pour occuper le terrain, ou créer un pôle européen qui puisse permettre à l'audiovisuel belge de survivre. L'idée germe alors de créer un réseau regroupant les différentes forces vives du cinéma de la production à la distribution. « Il faut arrêter de cloisonner les différents secteurs pour faire une communication commune sur le même film, précise-t-il. Tout le monde se retrouve gagnant. La part de la distribution en salles ne représente plus que 40% des rentrées financières dans une production, le reste, maintenant, c'est la deuxième et la troisième vie d'un film (télés, K7, DVD). Internet est le point de rencontre idéal pour tous ces gens qui sont condamnés à devenir partenaires.

 

C'est ce que font les Majors américaines qui nous ont dit à Cannes : "avec Internet, on ne sait pas exactement ce que ça rapporte réellement mais pour chaque film qui sort, on investit 5 000 dollars dans la création d'un site internet. Cela permet de créer un engouement auprès des cinéphiles. Imagine que les Dardenne ou Fonteyne offrent trois heures de leur temps via un forum internet sur le tournage de leur prochain film, ils créent une attente." Inutile de dire que Luc prêche des convaincus. C'est ce qu'essaie de faire Cinergie.be, avec ses faibles moyens et son maigre budget. Devant les obstacles que nous rencontrons, Luc fournit une explication rationnelle aux obstacles que nous ne cessons de rencontrer : "Dès le moment où il y a de l'innovation, les gens te demandent de quantifier quelque chose qui est à venir. Donc, tu te retrouves face à un mur parce que les gens aiment la sécurité, les garanties, aiment les éléments palpables. À un moment donné, il faut dire : on prend le risque. Sans compter qu'actuellement le numérique permet d'avoir une qualité audiovisuelle phénoménale."

 

En prenant conscience de l'importance du nouveau standard numérique ("on sait que le DVD est amené à une longue vie"), "on a décidé de créer Dvdfolies comme socle financier de nos activités, d'autant que le Dvd permet de voir les films chez soi avec une qualité visuelle et sonore intéressante avec en plus de cela des apports complémentaires (bonus, plans inédits, etc.)". Dvdfolies est un site de vente de DVD à des prix qu'aucune grande surface ne peut vous offrir. Mais ce n'est pas que cela. C'est aussi une philosophie qui consiste, en offrant à l'internaute des films commerciaux et des films plus pointus, à lui permettre de ne pas subir le marketing déployé par certaines productions. Pour ce faire, le site offre à l'internaute les conseils de certains journalistes de cinéma ou autres personnalités de la vie associative qui y présentent leurs coups de coeur. Luc envisage de s'ouvrir à d'autres pays, l'Espagne ou d'autres pays européens. "Dvdfolies est la première vitrine qu'on voulait mettre sur Internet pour proposer un autre regard sur le cinéma. Le premier étage de la fusée."

 

Depuis janvier 20002, Luc Billion, collabore avec Philippe Reynaert au sein de Wallimage sur les perspectives du tax-shelter ainsi que sur la ligne « société » du fonds Wallimage, laquelle est consacrée à soutenir la création de sociétés de services qui se développeraient en Wallonie suite aux tournages de films dans la région. Avec l'arrivée de Wallimage couplée à celle récente du tax-shelter, c'est le moment ou jamais, pour les sociétés de post-production, d'investir en Wallonie. L'une des choses qu'offre Wallimage, c'est un couple qui associe discours culturel et discours financier.

Contact : www.dvdfolies.be